Le ministère de la Mer est celui de l’ODD 14
Pendant près de 30 ans, les politiques publiques maritimes françaises ont été élaborées par une multitude d’institutions, passant d’un ministère à un autre, de secrétariats d’Etats à un secrétariat général, avec un foisonnement d’acteurs, d’échelons administratifs, de directions et sous-directions… pour quels résultats ? Les usagers de la mer n’identifient pas l’interlocuteur vers lequel se tourner et les citoyens ont perdu la culture maritime qui a pourtant fait l’histoire de notre pays.
Avec la refondation historique d’un ministère de la Mer de plein exercice le 6 juillet 2020, le gouvernement a envoyé un signal fort en direction des femmes et des hommes de la mer : les marins-pêcheurs, les marins du commerce, les industriels, les bénévoles, les acteurs associatifs, les chercheurs, les navigateurs et les plaisanciers ont LEUR ministère dédié.
Les arguments sont connus : la France possède le second espace maritime au monde, juste derrière les Etats-Unis ; notre pays est établi dans les trois océans grâce aux outre-mer ; nous avons une responsabilité particulière quant à la protection de la biodiversité marine en étant présents dans la plupart des points chauds de la planète.
Conjuguer économie bleue et protection de l’environnement est possible.
Ces arguments suffisent-ils pour autant à redonner conscience aux Français que notre pays est une grande puissance maritime ? Ce n’est malheureusement pas le cas.
Le président de la République a rappelé dans un discours fondateur, prononcé en décembre 2019 aux Assises de l’économie de la mer, que le 21ème siècle serait maritime. Ma mission au ministère de la Mer s’inscrit pleinement dans ce cadre. Il s’agit de redonner à la France son statut de puissance maritime mondiale à travers trois priorités résolument interdépendantes : l’environnement, l’économie bleue, le rayonnement et la souveraineté.
Je considère la mer comme un territoire. Un territoire à protéger, à planifier, à développer, en satisfaisant tous les usages et les usagers, en arbitrant les conflits, en misant sur l’innovation. C’est un équilibre parfois difficile à tenir tant les enjeux sont colossaux. Rappelons que le secteur maritime français représente environ 800 000 emplois et pèse 14 % du PIB… Mais je reste résolument une optimiste et je sais pertinemment que conjuguer économie bleue et protection de l’environnement est possible.
Le ministère de la Mer est d’ailleurs celui du 14eme objectif de développement durable adopté par les Etats membres des Nations unies : conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
Cet ODD 14 dicte l’ensemble des décisions prises au sein de mon ministère : c’est par exemple penser les modes de pêche et d’aquaculture de demain et les rendre plus durables ; c’est aussi favoriser les énergies renouvelables marines en saisissant l’opportunité de l’éolien en mer ; c’est encore préserver les 240 000 espèces marines qui se trouvent dans les eaux françaises en faisant le pari des aires marines protégées.
Le développement ne sera durable que s’il passe par la mer et c’est par la planification sur le long terme que nous y parviendrons.