La croissance bleue, une opportunité pour les territoires
Tourisme, pêche, culture, recherche… L’économie s’appuie déjà largement sur les richesses maritimes du pays. Mais il reste un immense potentiel venu de la mer à développer durablement et qui peut s’avérer être un levier de relance effectif.
Plus d’un Français sur deux choisit la mer comme destination de vacances et la part du tourisme représente près de la moitié du chiffre d’affaires lié au maritime. Le pays dispose d’une flotte de 7 811 bateaux et 65 ports, avec 13 540 marins pêcheurs : 529 000 tonnes de produits de la pêche sont vendues pour une valeur de 1 360 millions d’euros. La culture océanographique est vivace avec des établissements dynamiques : Nausicaá à Boulogne-sur-mer, Cité de la mer à Cherbourg, Océanopolis à Brest, Cité de l’océan à Biarritz, etc. Le rayonnement de la recherche et de l’exploration scientifique n’est pas en reste, à l’instar de la nouvelle mission Microbiomes de la goélette Tara qui a quitté Lorient en décembre en direction de l’Atlantique Sud, avec l’objectif de mieux comprendre le peuple invisible de l’océan.
La Bretagne, les Pays de la Loire et l’Occitanie concentrent 67 % des emplois dédiés aux EMR
La France a ainsi bien des atouts dans le champ maritime, mais tous ne sont pas mis en valeur, tels les énergies marines renouvelables (EMR) ou le shipping par le vent qui dépendent de plusieurs secteurs de politique publique (la mer, le transport, l’énergie). La Bretagne, les Pays de la Loire et l’Occitanie s’affirment comme les régions les plus actives en concentrant 67 % des emplois dédiés aux EMR dans les acteurs institutionnels (Observatoire des énergies de la mer, juin 2020).
Porter le développement de la filière de la propulsion par le vent.
Ces trois régions ont efficacement contribué à la structuration de leur filière avec la création d’institutions dédiées à la planification de l’espace maritime et l’appui de pôles de compétitivité. Mais ces projets suscitent le débat. « Le niveau d’acceptabilité est difficilement quantifiable », souligne-t-on chez Ailes Marines, qui a en projet le Parc marin en Baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). « Une immense majorité s’accorde sur l’urgence climatique et la réponse pertinente qu’amène l’éolien en mer. Mais la plupart des grands projets d’aménagement du territoire rencontre aujourd’hui une certaine forme d’opposition. » Le parc veut participer au désenclavement énergétique de la Bretagne et au lancement d’une nouvelle filière industrielle. L’entreprise a annoncé la création de 1 100 emplois (750 dans la future usine Siemens Gamesa au Havre, dans les ateliers de Navantia-Windar et de leurs sous-traitants sur le port de Brest et une centaine d’emplois dans le futur port de maintenance). Le préfet des Côtes-d’Armor, le préfet maritime et le préfet de région sont investis dans le dossier. L’ambition de développement des EMR se joue aussi à l’échelle municipale comme à Bora Bora (Polynésie française). Soutenu par le maire et son conseil municipal, le projet de centrale d’énergie thermique de la mer sur le lagon intègre le dispositif européen IANOS (Integrated Solutions for the Decarbonization and Smartification of Islands) qui vise à diminuer l’empreinte carbone des îles européennes et les orienter vers l’indépendance énergétique en 2050. Même ambition du côté du vélique. « Les compétences déjà présentes dans les territoires sur les industries navale, aéronautique, nautisme et numérique doivent permettre de porter le développement de la filière industrielle de la propulsion par le vent en France », soutient Florent Violain, président de l’association Wind Ship qui fédère les solutions véliques pour le transport maritime. « L’industrie aéronautique a déjà démontré qu’il était possible de concevoir et fabriquer de grands ensembles complexes en Europe, puis d’en assurer la maintenance dans le monde entier tout en restant compétitif. ».