De la mer du Nord au Pacifique, les territoires à la manœuvre
Si les gestionnaires peuvent s’appuyer sur l’attractivité croissante du littoral, c’est l’engagement et la volonté des acteurs de préserver cette richesse qui est au cœur de la dynamique. Avec le bon dosage entre innovation et concertation.
Parmi les acteurs d’un océan préservé, les iliens sont en première ligne. Comme à Ouessant (Finistère), envahie par les touristes l’été dernier. Depuis, l’association des îles du Ponant pousse la proposition de loi de juillet 2019 qui accorde aux maires le pouvoir de réguler l’hyper-fréquentation de leur ville. Si l’on peut mettre des jauges, à l’instar de Dubrovnik (Croatie) et sa barre à 4 000 touristes par tranche horaire, il faut aussi réduire la dépendance des îles au tourisme. Et prendre en compte leur vulnérabilité. C’est en ce sens que la French Tech Polynésie, convergence des forces d’innovation de Polynésie française, travaille. « Ce sont les populations insulaires qui les premières disparaîtront corps et biens sous les coups de la montée des eaux », alerte Muriel Pontarollo, sa déléguée générale. D’où l’initiative Tech4Islands Awards, un concours en faveur du rebond des territoires insulaires qui promeut une stratégie d’innovation régionale, levier pour soutenir une croissance durable et inclusive. La French Tech Polynésie travaille en collaboration étroite avec la Délégation territoriale à la recherche et à la technologie (DTRT) du Haut-commissariat de la République.
La Nouvelle-Aquitaine parie sur le biomimétisme comme processus d’innovation
Même foi en l’innovation au Pôle Mer Bretagne Atlantique, avec son Blue Challenge, dont l’édition 2020 a célébré une digue, Dikwe, qui produit de l’énergie grâce aux vagues ; ou à la CCI Littoral Hauts-de-France qui soutient une plateforme d’open innovation, le Blue Living Lab, porté par Nausicaá, le Centre national de la mer. Le projet Copefish II, qui y est développé, mise sur les copépodes (microcrustacés) cultivés, pour une alternative aux farines de poissons, responsables d’une partie de la surpêche. La région Nouvelle-Aquitaine, elle, parie sur le biomimétisme comme processus d’innovation, accompagnée dans cette démarche par le Ceebios (Centre d’études et d’expertises en biomimétisme). Il s’agit de s’inspirer des solutions trouvées par la nature et, spécifiquement dans le milieu marin, des stratégies d’adaptation aux contraintes telles que la corrosion par le sel ou l’obscurité. L’objectif est aussi d’accélérer la recherche autour de matériaux, comme la scalite®, conçue à base d’écailles de poissons par la startup basque Scale.
Les territoires ont foi en l’innovation venue de l’océan.
Oui, les territoires peuvent s’inspirer de l’océan pour répondre aux enjeux sociétaux et concilier développement, protection des ressources et du trait de côte. Mais tout ne se règle pas en mer : les bassins versants et les espaces terrestres ont une large influence sur les espaces maritimes. En ce sens, la directive-cadre « stratégie pour le milieu marin » (DCSMM 2018) européenne a été transposée dans le code de l’environnement et a abouti à la rédaction de documents stratégique de façade (DSF), qui posent un diagnostic et une expertise en appui aux politiques publiques. Elaboré pour six ans, le DSF doit permettre l’articulation du littoral avec la gestion des bassins versants. Il vise à coordonner les activités et à prévenir les conflits liés à la diversification des usages ; le développement économique devant s’effectuer dans le respect de l’objectif du bon état écologique du milieu.