10 % de l’espace maritime en protection forte : un objectif qui a du sens
Avec 10 760 500 km2 (délimitations au 12 juin 2020), la France est le deuxième territoire maritime au monde derrière les Etats-Unis. La protection et l’exploitation durable de ses eaux est donc un enjeu crucial. Avec 10 760 500 km2 (délimitations au 12 juin 2020), la France est le deuxième territoire maritime au monde derrière les Etats-Unis. La protection et l’exploitation durable de ses eaux est donc un enjeu crucial.
La France est l’un des rares pays à exercer toutes les activités maritimes : commerce, pêche, science, énergie, défense des intérêts… Elle a des richesses à préserver, un potentiel énergétique, portuaire et d’emplois. Les enjeux géostratégiques et écologiques maritimes sont une composante de sa diplomatie. La France est donc particulièrement concernée par les menaces qui pèsent sur l’océan et en premier lieu la hausse des émissions des gaz à effet de serre qui entraîne acidification, élévation de la température et désoxygénation. En avril 2020, l’étude Rebuilding Marine Life (Duarte et al.) parue dans Nature redonne espoir : couplée à une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, la conservation de la moitié de l’océan permettrait de restaurer la vie marine en trente ans. 50 %, c’était déjà la recommandation des scientifiques dans les années 70 et le mouvement Nature needs half. En 2016, un consensus émerge avec les 30 % de l’océan à protéger pour garantir sa bonne santé. Un chiffre retenu pour le plan mondial sur la biodiversité 2030 de l’ONU qui doit être approuvé cette année lors de la COP 15 à Kunming, en Chine.
Emmanuel Macron a pris l’engagement de protéger 30 % des espaces naturels d’ici 2022
La position de la France est en cohérence avec cette ambition « 30 by 30 ». « En matière de la gestion de nos territoires, d’ici 2022, nous porterons à 30 % la part des aires marines et terrestres protégées, dont un tiers en pleine naturalité », a annoncé Emmanuel Macron en mai 2019. Ce tiers « en pleine naturalité » correspond donc à 10 % du territoire maritime en protection forte. « En 2020, près de 550 aires marines protégées (AMP) représentent 33 % de l’espace maritime, versus 1 % en 2007 : 45 % en métropole, et 23 % en outre-mer, tous statuts confondus », précise Jean-François Sys, chargé de mission biodiversité marine au comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). « Donc, l’objectif de 30 % est atteint, mais pour celui des 10 %, on est très loin de l’objectif présidentiel, plutôt autour de 1,5 % des eaux qui correspondent à un statut de protection forte. Et elles sont situées dans des zones comme les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) ou la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie, où il y a peu de pressions anthropiques. »
Les aires marines protégées, un outil pour renforcer le lien terre-mer.
Les bénéfices d’un « effet réserve » sont pourtant documentés, comme dans le parc national des Calanques (Bouches-du-Rhône), dont les zones en protection intégrale ont vu une explosion de vie marine revenir depuis 2012. Pour que la France soit à la hauteur des exigences internationales, la Plateforme Océan & Climat, une alliance de 90 organisations qui intègre l’océan dans les solutions de lutte contre le changement climatique, réclame ces objectifs par façade et bassin ultramarin. Afin d’aboutir à des niveaux de protection cohérents et efficaces, la concertation doit se faire entre les acteurs institutionnels (Conseil national de la mer et des littoraux avec les conseils maritimes de façades et de bassins ultramarins), les responsables économiques (Comité France maritime), la société civile (Comité France Océan, ONG). Outre l’intérêt de la conservation, ces 30 % de protection, tous statuts confondus, sont un outil efficace pour renforcer l’interface terre-mer. « L’implication des élus est très importante dans les comités de gestion des AMP, souligne Jean-François Sys. Comme celle des collectivités qui ont la compétence sur l’enjeu critique de la qualité de l’eau et qui travaillent sur le bassin versant avec les SDAGE (Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux). » Cette démarche écosystémique a été amorcée en 2018 avec la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM 2018). Contrairement aux directives européennes antérieures, celle-ci a pris en compte l’ensemble des composants de l’écosystème marin dans la gestion des activités humaines.
La France regarde de nouveau vers la mer
• Juillet 2009, le Grenelle de la mer.
Prise de conscience que les atouts français ne sont pas mis en valeur dans le champ maritime.
• Décembre 2015, la COP 21 sur le climat.
L’intégration de l’océan dans le préambule de l’Accord de Paris acte sa reconnaissance comme pierre angulaire du changement climatique.