Les “grands DRH” veulent peser dans le débat
Ils sont environ 200 directeurs des ressources humaines de grandes collectivités à se réunir, échanger, travailler ensemble pour promouvoir un management en résonnance avec les mutations sociales et économiques des territoires.

« Agir pour la satisfaction des usagers du service public et contribuer à l’exemplarité des organisations territoriales, c’est garantir aux agents des collectivités les conditions d’un travail durable et socialement responsable. » Johan Theuret y croit dur comme fer : la qualité du service rendu aux usagers est consubstantielle de celle de l’emploi territorial.
La fonction RH dépasse de loin le strict tropisme juridique.
Et il parle d’expérience. Directeur général adjoint chargé du pôle ressources humaines de la ville et de la métropole de Rennes, il préside depuis 2015 l’association des DRH des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT), qui rassemble des directeurs des ressources humaines de grandes villes, départements, régions et établissements publics de coopération intercommunale. « Nous sommes un réseau de praticiens soucieux de travailler à construire la fonction publique de demain, de porter une vision, d’agir comme un creuset d’études et d’information », explique-t-il. Avec ses quelque 200 membres, soit près des deux tiers du vivier potentiel de DRH de collectivités de plus de 40 000 habitants, l’association se veut un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics lors de la présentation des projets de loi, des travaux auprès des parlementaires, ou au moment de la rédaction des décrets d’application. Elle s’est montrée très active dans le contexte d’élaboration de la loi de la transformation de la fonction publique du 6 août 2019 et de son volet RH.
Une fonction RH de plus en plus transversale
Des RH qui, affirme Johan Theuret, ont beaucoup évolué depuis 15 ans. Plutôt dans le bon sens. « La fonction RH territoriale s’affranchit de plus en plus de ses attributs historiques que sont la paie et la carrière, pour irriguer de manière transverse une multiplicité de champs : développement des compétences, amélioration des conditions de travail des agents, expérience collaborateur, marque employeur, etc. ». Le fossé entre managements public et privé serait-il en train de se combler ? Sans aucune espèce de doute, répond le président de l’association, qui coopère régulièrement avec son pendant privé, l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH). « Nous sommes soumis au code de la fonction publique, nos collègues du privé au code du travail. Mais la fonction RH aujourd’hui dépasse de loin ce strict tropisme juridique. »
Créer des instances coopératives à l’échelle des bassins d’emploi
Dans les grandes collectivités comme dans les grandes entreprises, les DRH sont confrontés à de nouveaux enjeux de recrutement, de fidélisation et de gestion des parcours. La fonction publique territoriale (FPT) devant, en matière de recrutement, composer avec un statut peu flexible, des carrières longues et une rapide évolution des besoins de main d’œuvre sous-tendue par les transitions numérique et environnementale. Plus encore peut-être que leurs homologues du privé, les DRH territoriaux doivent anticiper. « Cette nécessaire projection sur les besoins de main d’œuvre et donc de formation ne concerne pas exclusivement les collectivités, mais plus souvent leur zone d’emploi », explique Johan Theuret. Et s’appeler à la création de véritables instances de dialogue entre les acteurs de l’emploi et de la formation à l’échelle des bassins.