Sigrid Berger : Passer au privé pour mieux promouvoir le public

SciencesPo Paris, Institut national des études territoriales, puis cinq années passées à la Direction de la communication de la région Hauts-de-France et comme directrice adjointe des services aux demandeurs d’emploi de Pôle emploi… Rien, a priori, ne prédestinait Sigrid Berger, fonctionnaire de son État, à devenir “startupeuse”.

Les candidats ont besoin de se projeter sur des postes qui leur correspondent.

En 2017 pourtant, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale et fonde l’année suivante, à 31 ans, Profilpublic.fr, première plateforme d’emploi public centrée sur l’attractivité RH. Une proposition hybride, au croisement d’un site d’emploi et d’un site média. « Mes expériences en collectivité et à Pôle emploi m’ont permis de constater et d’analyser les obstacles inhérents à la relation canditat-employeur dans la fonction publique. L’opinion, a fortiori les jeunes, voit encore trop souvent la fonction publique comme un environnement désuet, conservateur où l’on n’innove pas. Or, c’est un secteur en pleine transformation qui offre un réel intérêt et de formidables opportunités de carrière », explique la jeune femme.

Renouveler l’approche du recrutement

Le marché de l’emploi public ne manque pourtant pas de bourses ou de plateformes, pour chacune des trois fonctions publiques et même à un échelon transversal. Des outils qui, pour l’essentiel, reproduisent des mécaniques un peu vieillottes, sur la base de mots clés très statutaires et classiques. Rien qui puisse donner aux candidats l’envie de se projeter, de fouiller, de découvrir. Rien qui permette aux services publics de faire valoir une réelle image employeur et de nourrir un sentiment d’appartenance. « Alors que de nouvelles attentes sociétales sont en train d’émerger (quête de sens au travail, exigences écologiques et sociales…) et que la crise sanitaire liée au coronavirus nous pousse à réévaluer l’utilité de nos métiers, les candidats ont besoin de se projeter sur des postes qui leur correspondent dans le secteur public. Quant aux institutions, elles doivent être en capacité de recruter les compétences de demain », explique Sigrid Berger.

Passage obligé par l’incubation

Elle a dans un premier temps souhaité porter le projet Profil Public par la voie de l’intrapreneuriat, en sollicitant beta.gouv.fr, l’incubateur des “startups d’État”. Problème : le projet ne répond pas aux conditions requises : le co-portage du projet par une institution et un financement initial de 150 000 euros. « Mon projet ayant été sélectionné par Willa (ex-Paris Pionnières), incubateur soutenu par la Ville de Paris, j’ai pu bénéficier d’un programme d’accompagnement de six mois avec des cours dédiés à la création d’entreprise aussi bien sur le volet juridique, digital que financier », raconte-t-elle pour expliquer son transfuge vers l’entreprise privée. Aujourd’hui, Sigrid berger et son équipe ont convaincu plusieurs ministères, la Cour des comptes, les universités d’Aix-Marseille, Cergy et Nantes, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), la Ville de Roubaix, la métropole de Lille, le département du Val d’Oise, des cabinets conseil spécialisés dans le secteur public. Autant de clients qui ont recours au site Profilpublic.fr pour publier des offres d’emplois dûment éditorialisées, valoriser les parcours de leurs collaborateurs, et promouvoir leur marque employeur.