Rallier tout un public trop éloigné de la formation
L’activité de formation du CNFPT a-t-elle été touchée par la crise sanitaire ?
En 2019, le CNFPT a enregistré une forte activité, en formant plus d’1 million de stagiaires (+17 % vs 2018) sur le 1,9 million que compte la fonction publique territoriale. Mais l’année 2020 sera lourdement impactée par la crise du Covid, qui a suspendu, puis réduit fortement nos capacités d’accueil. Le grand ennemi de la formation, c’est la distance, physique ou virtuelle.
Quels principaux axes de modernisation avez-vous définis ?
Il y a plusieurs chantiers prioritaires. En ce qui concerne nos sujets de réflexion tout d’abord, nous voulons porter l’accent sur les nouveaux enjeux de transition auxquels doit répondre la fonction publique territoriale. Toutes les transitions : climatique et numérique bien sûr, mais aussi citoyenne, sans oublier les transitions managériales. Un autre chantier concerne les méthodes : nous devons de plus en plus apprendre à apprendre, et apprendre à apprendre des situations, des postures, en intégrant les notions d’erreur, de résilience. Il nous faut également multiplier les formats et les interfaces
(présentiel, distanciel, mixte, digital, 3D, etc.) pour faciliter l’accès aux formations. Enfin, il faut rallier à la formation tout un public qui s’en tient aujourd’hui trop massivement éloigné. Je pense à cette majorité d’agents d’exécution qui compose l’emploi territorial et pour laquelle il s’agit de mener d’urgence un colossal travail d’accompagnement des parcours, de montée en compétence et de reconversion dans les années à venir.
Comment l’offre évolue-t-elle ?
En 2019, nos 13 000 formateurs ont dispensé 2,5 millions de journées de formations. Outre les formations obligatoires (20 % de l’activité) et les préparations aux concours et examens professionnels (12 %), l’offre de l’établissement est déjà constituée à 68 % de formations non obligatoires, dont 43 % sont effectuées sur-mesure en partenariat avec une collectivité ou une union de collectivités. Il faut aller encore plus loin, en particulier pour favoriser la diffusion des savoirs entre pairs.
Quels sont les freins au développement d’une nouvelle culture de la formation dans les territoires ?
Le CNFPT est un établissement public paritaire déconcentré financé principalement par la cotisation obligatoire versée par les 47 000 employeurs publics territoriaux.
Un colossal travail d’accompagnement des parcours.
Celle-ci est fixée à 0,9 % de leur masse salariale, soit moins que dans le secteur privé. Par ailleurs, les collectivités, comme toute la fonction publique, sont restées au milieu du gué de la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel dans la mesure ou le CPF des agents publics est toujours abondé en heures et non en euros comme celui des salariés du privé. Enfin, la culture managériale dans les territoires demeure lestée par le poids statutaire, avec un tropisme catégoriel (A, B, C) très marqué, qui impose aux agents internes de passer des concours pour progresser dans leur carrière. L’investissement dans les compétences demeure une notion encore peu investie par les élus et certains dirigeants dans les territoires, avec des approches surtout collectives via les plans de formation.