OCDE : des taux d’administration de un à quatre
Le poids de l’emploi public rapporté à la population dans l’OCDE varie sensiblement entre les pays. La France se situant dans la “moyenne haute”, mais sans excès.
Il n’est sans doute pas une nation au monde qui n’ait pas de fonction publique. Pour autant, établir des comparaisons entre pays développés en matière d’emploi public est un exercice périlleux. La définition de l’emploi public n’est pas harmonisée et renvoie à des périmètres qui peuvent sensiblement pondérer les moyennes dans un sens ou l’autre. Les emplois de fonctionnaires au sens strict seront par ici limités aux fonctions régaliennes, ailleurs affectés à tout ou partie des prestations de services au public. La structure de la fonction publique dépend de l’histoire de chaque pays et de la culture plus ou moins centralisatrice de son organisation politique. La cohabitation “à la française” de trois versants de fonction publique (fonction publique de l’État, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière), à défaut d’exception culturelle, est un important marqueur de l’organisation des politiques publiques de l’Hexagone.
La Norvège et le Japon aux deux extrémités du curseur
Le « panorama des administrations publiques » de l’OCDE utilise plusieurs clés de lecture pour mesurer le poids de l’emploi public dans un pays. Il rapporte notamment les effectifs publics à l’ensemble de la population pour obtenir un “taux d’administration” calculé pour 1 000 habitants. A cette aune, la France se situe dans la “moyenne haute” des pays de l’OCDE, sans entrer pour autant dans des zones atypiques. Son taux d’administration est de 89 ‰, légèrement supérieur à celui du Royaume-Uni (80 ‰), de la Belgique (75 ‰) ou des États-Unis (68 ‰), mais bien en-deçà de celui affiché par les pays nordiques. La comparaison des différents taux d’administration fait surtout apparaître de fortes disparités dans les pays de l’OCDE, avec des ratios variant du simple au quadruple entre les deux extrêmes : la Norvège et ses 159 emplois publics pour 1 000 habitants, le Japon et son taux de 40 ‰.
Tendance globale à la baisse des taux d’administration
Au-delà des situations spécifiques à chaque pays, il apparaît que la proportion de l’emploi public dans la population totale est restée relativement stable dans la plupart des pays depuis les années quatre-vingt. Avec quelques exceptions toutefois : elle a nettement baissé au Royaume-Uni et en Suède, où elle partait de niveaux élevés (respectivement 107 ‰ et 179 ‰ dans ces deux pays en 1985).
Culture plus ou moins centralisatrice des organisations politiques.
Elle a à l’inverse augmenté en Norvège. Entre 2010 et 2015 , le taux d’administration a eu tendance à refluer dans de nombreux pays, par exemple en Italie, au Danemark ou aux Pays-Bas, mais assez peu en France. Une autre méthode consiste à étalonner les dépenses de personnel des administrations publiques. Mais cette lecture doit être considérée avec précaution, les dépenses pouvant être remplacées par des subventions ou des achats de services à des organismes employant des agents de droit privé pour exercer des missions de service public. Un exemple : en Allemagne, les effectifs des hôpitaux ne sont pas comptés dans l’emploi public – ce qui explique la faible part de l’emploi des administrations publiques dans l’emploi total – alors même qu’ils sont largement financés par des dépenses publiques.