Nouvelle-Aquitaine – Occitanie : dans les départements ruraux, un mot d’ordre : innovation à tous les étages
En Creuse comme en Aveyron, le déficit d’attractivité de l’emploi cadre sera bientôt une histoire au passé. Ce qui intéresse les élus, c’est le futur.
On l’a souvent associée à des représentations d’enclavement et de désertification. La Creuse, département à la fois rural et central, pâtit-elle de cette réputation lorsqu’il s’agit d’attirer à elle les fonctionnaires territoriaux ? Le conseil départemental creusois, avec son un effectif de 1 100 agents – dont un sixième affecté à l’équipement et aux routes et un petit dixième d’assistants familiaux – est l’un des plus gros employeurs du département. « L’image de ruralité de la Creuse a longtemps été un obstacle à l’attractivité du département auprès des populations cadres. Mais c’est en train de changer », explique Valérie Simonet, présidente. A la tête d’un autre département rural, l’Aveyron, Jean-François Galliard concède également un petit déficit d’attrait auprès des catégories A. Mais rien de critique, assure-t-il, d’autant que le phénomène s’amenuise réellement. Ce qui le soucie davantage que le rapport quantitatif entre les besoins en effectifs et le nombre de postulants, c’est l’adéquation des profils à l’évolution des métiers. « L’action sociale, notamment, requiert des qualités inédites : connaissance globale de l’écosystème, rapidité de compréhension des situations individuelles, forte capacité d’empathie. Nous avons en face de nous des candidats certes diplômés. Mais il faut croire que le niveau des concours devient insuffisant au regard des exigences des métiers », explique l’élu.
Détection des talents et vivier de compétences
L’administration aveyronnaise emploie 1 700 agents, dont 50 % de catégories C. Comme pas mal de collectivités, elle doit composer avec d’importants mouvements de départ en retraite. Le robinet des recrutements est donc ouvert en permanence et le recours aux contractuels ou aux CDD devient de plus en plus fréquent. « Je souhaite constituer un vivier de talents internes, comme un pool de réservistes capables de monter très vite en compétences pour répondre aux besoins », raconte Jean-François Galliard.
Le travail de réflexion constitue un levier d’attractivité.
Dans ces départements ruraux sans doute plus que dans d’autres, les ressources humaines n’hésitent donc plus à emprunter aux méthodes des entreprises privées : souplesse statutaire, gestion prévisionnelle des compétences, stratégies de marque employeur… En ne perdant jamais de vue que toute action de recrutement s’inscrit dans une mission de service public. Quels que soient leur statut et leur catégorie, les agents sont d’abord au service des usagers et de la collectivité. C’est pourquoi le conseil départemental de la Creuse a créé un “parcours usager”, qui induit trois conditions : le décloisonnement de l’organisation et du fonctionnement des services, l’accompagnement et la formation des agents, la mise en œuvre d’une stratégie numérique volontariste.
Programmes de réflexion sur l’administration de demain
« Nous avons créé un laboratoire d’innovation publique, lieu de réflexion ouverte sur nos missions de service public, la manière de les délivrer, la place et le rôle de l’usager, le management des organisations et des hommes. Ce travail de réflexion constitue aussi un levier d’attractivité pour des cadres territoriaux en quête de sens et en recherche d’un emploi de qualité », affirme Valérie Simonet. Même approche à Rodez, où le conseil départemental a lancé un programme de réflexion collective sur deux ans, articulé autour de 21 groupes projets autour de l’administration de demain. 600 agents ont répondu présents.