« Ne pas trahir la promesse faite aux agents d’un emploi de qualité »
Combien de personnes emploie la région Ile-de-France ?
La région Ile-de-France emploie 10 300 personnes : 1 800 cadres – pour l’essentiel dans la catégorie A – et 8 500 agents d’entretien et de restauration travaillant dans les 465 lycées du territoire.
Comment abordez-vous la question des compétences ?
Dans les cinq ans, 30 % des effectifs partiront à la retraite. Ce qui nous place face à un double enjeu d’attractivité et de compétences. La moyenne d’âge de nos agents est de 50 ans. Elle commence à baisser – très légèrement – pour la première fois, sans doute est-ce l’effet de la campagne que nous menons pour faire connaître les métiers auprès des jeunes. La région a mis en place un “parcours jeunes”, un peu à l’image de ce que peut proposer McDo : « Venez comme vous êtes, on vous forme, vous pourrez ensuite continuer chez nous, ou repartir avec une expérience et une qualification. »
Certains métiers vont disparaître…
Nous savons pertinemment que les métiers du nettoyage sont concernés par l’automatisation progressive de certaines prestations techniques et que des métiers, à terme, vont disparaître, a minima se transformer. Dans cinq, six ou sept ans, le métier d’entretien consistera à actionner des robots. Il faut que les agents y soient préparés.
Les contractuels représentent 15 % de nos effectifs.
Il est donc impérieux de développer les compétences et d’anticiper les reconversions. Cela passe entre autres par l’appropriation des outils et usages numériques. A la fin de cette année, les 8 500 agents des lycées seront dotés d’une tablette numérique. L’application “Ma région et moi”, conçue et développée par nos services, permet à chacun d’entre eux de renseigner son profil, contacter son référent RH, obtenir un rendez-vous avec lui dans les 24 heures, formuler des demandes de prestations sociales : besoin d’un logement, de chèques cadeaux, d’une assistance sociale quelconque, etc.
Recrutez-vous de plus en plus de contractuels ?
Il y a cinq ans, les contractuels représentaient 1 % des effectifs de la région, aujourd’hui 15 %. En facilitant le recours à la contractualisation, la loi du 6 août a permis de mettre de l’huile dans les rouages statutaires, de répondre à un besoin accru d’intégrer de nouvelles compétences, notamment dans le champ des SI, d’apporter de l’air frais. Mais elle a aussi introduit du flou. Le système des quotas de fonctionnaires perdure, mais en même temps, si vous recrutez sur contrat de projet, pas besoin de créer de poste, pas de limite non plus sur les rémunérations. On délivre ici aux fonctionnaires un message assez négatif quant à leurs propres évolutions de carrière. En fait, on est en train de jouer la carte du “deux poids, deux mesures”. Ce n’est pas encore source de conflits. Mais cela génère d’ores et déjà de nouveaux comportements. Aujourd’hui, de plus en plus de fonctionnaires cherchent à négocier leur prime. Demain, certains – sans doute légitimement – se demanderont quel intérêt ils ont à rester dans la fonction publique. Si l’on ne veut pas trahir la promesse faite aux agents d’un emploi de qualité, où ils peuvent se réaliser pleinement dans une mission de service public, il va falloir rapidement clarifier les choses.