Europe : Reconnaissance faciale : l’Europe cherche sa voix
Début 2020, un document interne révélait que l’Union européenne envisageait d’instaurer un moratoire sur la reconnaissance faciale. Mais la publication en février dernier du livre blanc de la Commission européenne sur l’intelligence artificielle a finalement révélé une position attentiste sur ce sujet brûlant : la Commission demande le temps de la réflexion. « Il y a, derrière cette marche arrière, la bataille de l’intelligence artificielle et la pression des industriels européens pour y prendre part sans accumuler trop de retard sur les Américains et les Chinois », analyse Caroline Lequesne Roth, juriste spécialisée dans les nouvelles technologies. Sur ce sujet, Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission, a néanmoins fait part de ses craintes : « Ce que j’ai vu à Hongkong m’a véritablement effrayée », a-t-elle affirmé, évoquant les manifestations contre Pékin durant lesquelles « les gens ont reçu un message sur leur smartphone : « Nous savons que vous êtes là, vous devriez rentrer chez vous ». En outre, en juillet dernier, le contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a clairement pris position pour l’interdiction temporaire des technologies de reconnaissance faciale dans les lieux publics. Le contrôleur de cette autorité indépendante explique vouloir tenter de « convaincre la Commission qu’un moratoire pourrait s’avérer utile dans de nombreuses situations où les technologies n’ont pas encore été suffisamment développées ou examinées pour être utilisées dans des espaces publics ». A la Commission d’arbitrer entre impératifs industriels et risques éthiques.