Questions à… Philippe Henry, chercheur en socio-économie de la culture
Pourquoi la culture est-elle source de très fortes inégalités ?
Cette extrême inégalité entre acteurs est due à une mauvaise répartition au sein des chaînes de valeur. Dans le secteur du patrimoine ou du spectacle vivant, les tensions sont particulièrement fortes dans le fonctionnement des filières. Quand les acteurs dominants deviennent des quasi-monopoles, la question se pose de la survie des autres. Une régulation générale s’impose et les pouvoirs publics ont une vraie responsabilité pour préserver l’équilibre entre acteurs privés et publics.
Le choix de la diversité n’a-t-il pas pour effet de provoquer une offre trop importante ?
Seules les offres les plus visibles sont vraiment valorisées. Pour le spectacle vivant, la seule mesure de l’audience existante concerne les scènes nationales, les équipements labellisés. Rien sur les théâtres de ville, les MJC, les friches, les lieux intermédiaires. Reste que la mécanique de surproduction est constitutive de l’économie culturelle et qu’il faut surveiller cette tendance à l’hyper-offre. Car la valeur de la production culturelle ne se révèle qu’a posteriori et ne se limite pas à sa valeur marchande. La valeur symbolique et sociale est très présente et varie selon les élus : pour certains, synonyme de développement du territoire, pour d’autres, de lien social.
Vous demandez une régulation publique de la situation ?
On peut se demander pourquoi l’État reste décisionnaire sur un choix esthétique. Il lui faut consolider sa fonction de veille globale, renforcer les agences régionales, consolider les démarches de coopération et de mutualisation, bref « mettre le paquet » sur les structures intermédiaires.