Quand la mutualisation fait son show
Que ce soit sous forme de groupements d’employeurs, d’équipes spécialisées ou encore de SCIC ou de coopératives, les initiatives sont nombreuses pour tenter de dépasser les obstacles économiques.
Une cinquantaine de groupements d’employeurs (GE) culturels se partagent le territoire. « Ces groupements d’employeurs répondent à la difficulté des entreprises à accéder à de la main-d’œuvre sur des temps trop courts. En mutualisant les besoins de plusieurs entreprises, les GE proposent un seul contrat de travail et une fiche de salaire au salarié mis à disposition des entreprises », explique Alexandre Disset, chargé de la communication du CRGE (Centre de ressources pour les groupements d’employeurs). Le CRGE accompagne les porteurs de projet de GE dans tous les secteurs. Si dans les grandes villes le besoin est suffisant, ailleurs les GE s’organisent au niveau départemental ou régional.
Un appel à projets de la région IDF pour accompagner des projets artistiques.
Ce qui a pour effet d’augmenter les coûts des prestations. Pour autant, difficile d’imaginer que les entreprises culturelles puissent adhérer à des GE plurisectoriels, leur organisation du travail étant trop spécifique. Pour favoriser la création de nouveaux GE, le CRGE demande qu’il soit possible de réunir ceux qui sont soumis à la TVA et ceux qui ne le sont pas, ce qui permettrait de réunir les entreprises culturelles et les associations culturelles. Ces groupements d’employeurs offrent des solutions pour des structures fragiles mais sont-ils des réponses idéales pour les salariés ? « En partageant des postes permettant aux structures de disposer de quelques heures d’un développeur web ou d’un comptable, le GE a aussi pour effet de renforcer ou du moins de stabiliser la précarité de ces emplois et cette organisation est très lourde pour les salariés et impose de s’adapter à des logiques très diverses », estime François Lefèvre, chercheur spécialisé dans le champ des industries culturelles et créatives.
De la gestion administrative à l’expertise de projet
Depuis les années 2000, les bureaux de production, sous forme de sociétés privées ou d’associations, se sont développés sous l’impulsion du ministère de la Culture. Hélène Icart, dirigeante de la société de production Prima Donna, précise sa mission : « Nous aidons les metteurs en scène, les porteurs de projet à réaliser leur projet de A à Z : cela signifie une aide à la formalisation du projet, à son financement, à la gestion administrative (ressources humaines, logistique…) jusqu’à la réalisation et bien entendu la diffusion. » Représentant le marché, le bureau de production peut donner une expertise sur le projet. Cet outil permet de mutualiser la gestion administrative : « Les compagnies ne peuvent pas recruter pour un quart de temps. » Le bureau de production est payé par une rémunération fixe évaluée en fonction de la compagnie puis par un pourcentage sur le résultat. « Cela permet aux artistes de se limiter à une petite mise de fonds », commente Hélène Icart.
Une aide à l’accompagnement
Si, en principe, les bureaux de production ne bénéficient pas d’aide, les compagnies, elles, sont subventionnées pour la création. Cependant, en 2019, la région Île-de-France a ouvert aux entreprises privées comme publiques un appel à projets pour un soutien financier à l’accompagnement des projets artistiques de spectacles vivants et le bureau de production a déposé sa candidature. « S’il n’y avait pas cette économie parallèle, la structuration des compagnies souffrirait beaucoup », conclut la dirigeante de Prima Donna. Désormais, la société a mutualisé ses outils et son savoir-faire avec le cabinet « La gestion des spectacles » pour former une nouvelle entité, « Les 2 bureaux ».