Hauts-de-France • Quand un musée dessine une nouvelle « métropole »
À Lens, l’arrivée du musée du Louvre a redistribué les cartes du territoire : les collectivités locales se sont fédérées pour porter ensemble leurs projets d’avenir.
Pour fêter dix années écoulées, l’opération Odyssée a décliné des festivités sur le territoire du Bassin minier du Pas-de-Calais durant six mois de l’année 2019. L’occasion de rendre plus visible la richesse des équipements et des sites de l’Artois auprès des habitants et des visiteurs. Dix années qui ont débuté avec, en 2009, la création d’Euralens, trois ans avant l’ouverture du musée du Louvre à Lens. « Euralens a été créée pour accompagner la réflexion des élus sur la façon dont ils allaient accueillir cette implantation extraordinaire », explique le directeur de l’association, Gilles Huchette. Si l’impact économique est réel notamment en matière de tourisme, le Louvre-Lens a avant tout créé un flux de coopération entre 150 communes réunissant près de 650 000 habitants. « Ce territoire élargi réunissant trois communautés d’agglomérations a appris avec le musée à travailler ensemble pour ensuite s’engager dans de nombreuses collaborations. » Il a d’abord fallu élaborer un schéma directeur d’aménagement autour du Louvre-Lens en mobilisant Lens, Liévin et Loos-en-Gohelle.
Relier les territoires
En 2013, la Chaîne des Parcs est lancée. « Sur les friches minières, ce sont 4 200 hectares de verdure reliés et remis aux habitants. S’appuyant sur le 9.9 bis, ancien site minier et bâtiment historique reconverti en équipement culturel, le festival Les Rutilants participe à la promotion de la Chaîne des Parcs, en le ponctuant d’étapes musicales : un circuit VTT de 35 km relie deux parcs. » En 2015, le syndicat mixte du Pôle métropolitain de l’Artois voit le jour.
Le Louvre-Lens a avant tout créé un flux de coopération entre 150 communes.
À l’été 2016, un projet métropolitain est arrêté avec une ambition affichée : identifier le Bassin minier territoire d’excellence de l’éco-transition. « S’appuyant sur la ressource – des milliers d’hectares de friches – et sur l’identité du territoire fortement tournée vers l’énergie, le territoire s’engage dans une stratégie de l’éco-transition et Euralens favorise, là encore, la mutualisation des moyens et accompagne les collectivités. » Le pôle métropolitain devient démonstrateur en misant sur les enjeux d’avenir (rénovation thermique dans le bâtiment, économies d’énergie dans les processus industriels, accroissement de la production des énergies renouvelables…). Un travail d’inventaire est en cours pour lancer des appels d’offres à des échelles ambitieuses. « Il n’est pas question de se limiter à l’installation de quelques panneaux solaires mais de définir des projets de grande envergure. » Déjà un cadastre solaire est lancé, proposant aux 650 000 habitants un outil leur permettant d’évaluer, en fonction de l’orientation, de la surface de leurs toits et du niveau de l’investissement, un taux de rentabilité. Un projet de rénovation thermique de 23 000 logements miniers est lancé et déjà la première tranche d’appel d’offres pour 239 M€ va permettre aux entreprises de se former et de se structurer sur ce marché. Et la culture ? « Ces démarches de coopération ont été accélérées par l’arrivée du Louvre. Qui sait, sans le musée, elles n’auraient peut-être jamais vu le jour. Le Louvre-Lens a redonné au territoire une estime de soi et la conscience de sa capacité à porter des grands projets », conclut Gilles Huchette.