Ouvrir et partager les lieux culturels
Pour les artistes, l’un des obstacles essentiels à la réalisation de leurs projets est le difficile accès à des lieux de travail et des lieux de diffusion. Les professionnels portent des initiatives très diverses : lieux intermédiaires, expériences de mutualisation…
Collectif Curry Vavart : occupations temporaires autorisées
« On constate une invisibilité de la dynamique associative dans le secteur des arts plastiques, il y a le FRAC d’un côté et de l’autre, des artistes fragiles en situation très précaires. » Pour Patricia Coler, directrice de l’UFISC, les initiatives offrant des accueils en résidence, des ateliers, des expositions et des rencontres sont essentielles : le collectif Curry Vavart à Paris, qui organise des occupations temporaires de lieux en attente de réhabilitation, permet de proposer des espaces de travail. Une convention d’occupation temporaire lie l’association aux propriétaires. « On peut aussi parler de la Fabrique Pola à Bordeaux créée par un collectif d’artistes », ajoute Patricia Coler. L’association ouverte aux professionnels de l’architecture, de l’art contemporain, de l’édition, de l’audiovisuel, de l’impression ou encore de l’illustration gère un équipement culturel dédié au public et des espaces professionnels : studios individuels, plateaux de recherches, ateliers de production…
Raviv : l’été, les théâtres sont ouverts
Raviv, éseau des arts vivants créé en 2008 en Île-de-France, regroupe près de quatre-vingt adhérents : compagnies et lieux de spectacles. Son objectif est simple : accueillir des compagnies en cours de structuration en leur permettant de bénéficier d’espaces de répétition, de lieux de stockage du matériel et de partage des locaux administratifs. « Nous recherchons des théâtres partenaires, nous négocions la location l’été et nous proposons aux compagnies pour un loyer de 3 à 5 euros par heure des sessions de répétition d’une à trois semaines », précise Eugenia Atienza, directrice artistique de la compagnie Hors-Piste et membre du conseil d’administration de Raviv. Le réseau se charge de payer la différence de loyer. Raviv organise des ateliers, des soirées thématiques et un forum annuel, « l’idée étant avant tout de faire sortir de leur isolement les compagnies qui ne sont pas soutenues. En Île-de-France, la concurrence est très vive ». Le réseau est animé par des bénévoles, responsables de compagnies. Raviv est seulement financé par la région Île-de-France (40 000 euros au titre de l’aide aux réseaux). « Nous avions deux salariés mais avec la disparition des emplois aidés, ce n’est plus le cas », conclut Eugenia Atienza.
La Main 9.3 : l’ambition de porter des lieux autorisés
La Main 9.3, émanation de Mains d’œuvres, lieu indépendant de création et de diffusion à Saint-Ouen, a une vocation ambitieuse : créée en 2017 sous forme de SCIC, elle vise à maîtriser des lieux culturels sur l’Île-de-France. Une foncière citoyenne qui à ce jour porte trois lieux mis à disposition pour un euro symbolique. « Aujourd’hui, nous sommes une centaine de sociétaires et notre objectif est de réunir plusieurs milliers de sociétés et de gérer une centaine de lieux », explique Juliette Bompoint. « Notre objectif est de créer un outil commun permettant de garantir à terme l’achat de nouveaux lieux, une copropriété générant des loyers », conclut la directrice de Mains d’œuvres.