« C’est au niveau des territoires que la réflexion sur la structuration de la culture doit être portée »
Vous avez présenté en juillet un rapport d’information qui liste des recommandations pour les secteurs de la culture. Comment analysez-vous le plan
de relance gouvernemental du 3 septembre ?
L’engagement du Premier ministre aux côtés de la ministre de la Culture est très positif, les professionnels ont été reçus et ont été écoutés. Le fait qu’une partie du plan de relance en faveur de l’économie soit affectée au secteur est important, d’autant plus que mis à part le chômage partiel et la rallonge pour les intermittents, il y a eu beaucoup d’annonces mais peu d’argent. Aujourd’hui, des sommes importantes sont donc attendues.
Vous mettez en avant la nécessité de veiller à ce que les filières soient dotées de moyens suffisants pour poursuivre leurs activités. Le fait que le gouvernement ait décliné son soutien par filières est-il une bonne chose ?
L’affectation des ressources par filière est une bonne chose. Le Centre de la musique (CNM) va être doté d’une somme importante, 210 millions d’euros. Reste à savoir comment ce soutien va être décliné entre les acteurs. Les arts plastiques demeurent les parents pauvres comme l’audiovisuel, la plupart des sommes étant affectées à France-Télévision et Radio-France. Enfin, le patrimoine doit être mieux soutenu, d’autant plus que les budgets du ministère sont en baisse depuis plusieurs années et que le secteur concerne les entreprises du BTP et les artisans.
Vous consacrez une partie de votre rapport à la nécessité d’une co-construction des politiques publiques entre l’État et les collectivités.
En effet et cette recommandation est d’actualité. L’État n’a pas fait preuve de volontarisme dans ce domaine durant la crise.
C’est bien le moment d’observer et de rebondir.
La grande part des financements est du côté des collectivités et c’est donc au niveau des territoires que la réflexion doit être portée. J’aurais aimé que le plan d’urgence soit défini dans le cadre des CTC (conseils des territoires pour la culture) régionaux. En Normandie, nous avons eu une réunion où chacun a décliné ses actions en faveur de la culture et c’est tout. Ce sont les préfets qui ont porté les plans de relance. La région Normandie impulse les débats avec les professionnels mais nous restons entre nous. Les CTC sont des coquilles vides.
La question de la structuration de la culture vous paraît-elle importante ?
La crise révèle une nouvelle fois le déficit de structuration de la filière des arts visuels, qui constitue aujourd’hui un obstacle à un dialogue institutionnalisé avec les représentants de la filière. La ministre de la Culture doit donner aux DRAC de nouvelles missions car la crise met en lumière les fragilités structurelles du secteur. Le rapport d’information fait des recommandations précises, comme un soutien renforcé au CNPAV (Conseil national des professions des arts visuels) lui permettant de remplir correctement ses missions et faire en sorte que l’ensemble des régions soient dotées de SODAVI (Schéma d’orientation pour le développement des arts Visuels ). Il est aussi urgent alors que le numérique fragilise l’écosystème de transposer en droit français les directives pour permettre de faire participer les plateformes à la création française et européenne et de renforcer le pouvoir de négociation des auteurs.