La troisième voie de la culture : un laboratoire d’innovations
Le Labo de l’ESS qui réunit les acteurs de l’économie sociale et solidaire a fait en mai dernier des propositions visant à accompagner la consolidation du secteur culturel.
Constat sévère du Labo de l’économie sociale et solidaire, le secteur public s’adressant à l’entre-soi est menacé d’asphyxie. « Le public est un public spécialisé, et s’il augmente, il représente une seule catégorie sociale. La culture institutionnelle est un marquage de la fracture sociale », précise Bernard Latarjet, conseiller culturel et président du « Collège Culture et ESS » de l’organisme. Première priorité, l’accès au foncier avec la création de sociétés coopératives d’intérêt collectif. Au nombre des propositions, la création « d’une enveloppe de minimum 50 000 euros par an pendant 3 ans pour permettre de stabiliser des ressources humaines consacrées au développement de ce type de coopérative ». « Sur le terrain, il commence à y avoir des expériences dans ce domaine, la maîtrise du foncier est une condition de l’indépendance des structures afin de ne pas être à la merci d’une fin de bail ou d’une friche. » Pour l’accompagnement et la formation, Bernard Latarjet estime que le secteur culturel est exemplaire car 30 % d’entreprises culturelles ont recouru à un dispositif local d’accompagnement (DLA), marquant leur forte motivation de montée en puissance. L’une des mesures consisterait à renforcer cet accompagnement en mettant en place un dispositif de transfert de savoir-faire (TSF) spécifique au secteur culturel et proche du compagnonnage.
Il faut pérenniser les appels à projets
Troisième axe, le renforcement des coopérations. Et s’appuyer sur les innovations de terrain comme l’Amicale de production basée à Lille, coopérative de projets qui mutualise des moyens (production, administration, diffusion, logistique) pour éditer des formes transversales, entre spectacle vivant et arts visuels. La priorité est de créer et de renforcer les aides à l’emploi mutualisé en s’appuyant sur des dispositifs d’aides ESS existants. Enfin, dernier axe de travail, les modèles économiques et les outils de financement. Les appels à projets favorisent l’éphémère. « L’État lance un appel à projets pour aider sur trois ans les projets de coworking puis il lance une autre idée. Pour les porteurs de projet se pose la question de l’opportunité et de la pérennité de leurs projets », commente le président du « Collège Culture et ESS » du Labo. Le rapport préconise des financements structurants et reconductibles fléchés en priorité en direction des publics et des territoires rencontrant des problématiques spécifiques comme les quartiers prioritaires de la politique de la ville, zones rurales, périphéries périurbaines, « Cœurs de ville » en désertification…
Associations culturelles : ¾ des emplois rémunérés sont occasionnels
• 344 300 associations culturelles, dont 38 600 associations employeuses (11 %) ;
• + 30 % d’associations culturelles entre 2011 et 2017 ;
• 44 % de l’emploi culturel est localisé dans des structures de moins de 10 salariés ;
• 68 % des emplois sont à temps partiel, 38 % sont conclus en CDI ;
• Le nombre annuel moyen d’heures de bénévolat croît dans l’ensemble des associations culturelles (+ 10 %) et explose dans les associations culturelles employeuses (+ 41 %) ;
• Les ressources propres constituent en moyenne 63 % des produits et les subventions 37 % ; la part des commandes publiques est passée de 7 % à 13 % entre 2011 et 2017.
Référence : l’enquête « Le paysage associatif français », Viviane TCHERNONOG et Lionel PROUTEAU, (données 2017)