L’industrie a déjà fait une partie du chemin vers la décarbonation
Au-delà de la demande en énergie, de grands secteurs industriels (ciment, chimie, acier, verre) ont encore beaucoup à faire pour modifier leurs process et se passer des matières premières carbonées.
Les objectifs du secteur (industrie manufacturière, agroalimentaire et construction, hors production d’énergie) sont de réduire par rapport à 2015 de 35 % les rejets en 2030, et en 2050 d’atteindre une baisse de 81 %. L’industrie représentait sur l’année référence de la SNBC 18 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Mais 84 % de ces rejets sont soumis au régime du système d’échange des quotas d’émissions de GES européen (ou Emission Trading Scheme, ETS).
84 % des rejets de l’industrie déjà soumis à l’ETS.
Ce dernier repose sur un principe de plafonnement et d’échange des droits d’émission pour limiter le niveau total de certains GES pouvant être émis par les installations couvertes par le système. Ce plafond diminue progressivement afin de faire baisser le niveau total des émissions. Le secteur a enregistré sur 1990-2015 un recul de ses rejets carbonés de 44 %, notamment parce que de nombreux procédés industriels ont été délocalisés, comme dans la métallurgie (aciéries, etc.). Mais aussi parce que les process restants ont gagné en efficacité. Néanmoins, souligne la SNBC, les délocalisations expliquent pourquoi l’empreinte carbone des Français (qui comprend les biens importés) n’a pas, elle, diminué sur la période.
L’énergie dans l’industrie
Par ailleurs, dans la PPE, les usages énergétiques de l’énergie sont à distinguer de ses usages non énergétiques, c’est-à-dire de l’utilisation des molécules comme matière première (notamment les gaz fluorés au fort pouvoir de réchauffement), qui pèsent pour un tiers des rejets de l’industrie, avec en tête les produits pétroliers pour le plastique, puis le gaz naturel pour les engrais. La consommation d’énergie de l’industrie s’inscrit depuis dans une tendance baissière. La demande finale énergétique réelle de l’industrie en 2018 marque néanmoins un rebond par rapport à 2017 (+ 1,9 %). Elle s’établit à 315 TWh. À climat constant, elle augmente de 2,2 %. Par rapport à 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de la consommation d’énergie, la baisse atteint 0,3 % en moyenne annuelle.
Améliorer les process industriels émetteurs de GES
La SNBC fixe deux grands axes afin de réduire les GES du secteur. D’abord, un accompagnement des entreprises dans leur transition vers des systèmes de production à faibles rejets (utilisation de bio-méthane plutôt que de gaz naturel, par exemple). La décision en juin 2020 de financer via l’Ademe et le PIA (programme d’investissements d’avenir) des TPE-PME fait partie de cette ambition. Il s’agit aussi de soutenir l’industrie pour qu’elle fasse émerger des technologies-clés dans la transition, en évitant les fuites de carbone (l’externalisation de process implique une émission de carbone ailleurs). Le gouvernement mise également sur une réduction des process industriels, en engageant le développement et la mise en œuvre de technologies de rupture. L’objectif est de réduire de 60 % ces émissions non énergétiques d’ici 2050. La SNBC précise enfin que les technologies de capture et de stockage du carbone auront un rôle à jouer, avec un potentiel de captage évalué à quelque 15 MtCO2eq d’ici 2050.