Une énergie locale et des emplois dans les territoires
Chauffage, électricité, mobilité locale, les territoires s’emparent des énergies renouvelables (ENR) pour « relocaliser » l’énergie, développer les emplois non-délocalisables.
Les collectivités sont responsables d’environ 10 % de l’énergie consommée sur leur territoire et portent près de 70 % de l’investissement public français, tous secteurs économiques confondus. L’efficacité énergétique est donc une priorité. C’est ainsi que nombre de territoires ont lancé des programmes d’isolation de leurs bâtiments et de gestion de l’éclairage. Par ailleurs, les réseaux de chauffage (et de froid) se développent, nécessairement localement, dans une commune, ou dans une communauté de communes. Avec l’aide du Fonds chaleur, plusieurs collectivités se sont lancées dans la création de chaudières biomasse pour alimenter écoles, bâtiments administratifs et/ou se raccorder à un réseau de chaleur existant desservant aussi certains logements collectifs accueillant des administrés.
Les ENR par nature locales
Après avoir assuré l’efficacité énergétique des bâtiments, ou en parallèle, avec la montée en puissance des ENR, nombre de collectivités choisissent d’équiper leurs bâtiments en solaire photovoltaïque, voire participent à des projets éoliens, afin de réduire les dépenses, mais aussi pour participer à la baisse des émissions carbonées… Ces projets renouvelables sont adaptés au plus près des possibilités locales en ressources énergétiques, et en fonction des espaces disponibles. Ainsi, dans le cadre du projet de rénovation de son église, la commune de Griesheim-sur-Souffel, dans le Bas-Rhin, a décidé d ’utiliser son toit pour accueillir des panneaux solaires et délivrer de l’électricité. La communication intensive qui a accompagné le projet (concertation, réunions publiques) a largement facilité son acceptation. Dans la Loire, département fortement boisé, la commune de Saint-Bonnet-le-Courreau a sollicité Territoire d’énergie Loire (alors le SIEL 42) à l’occasion d’une rénovation afin de passer à une chaudière utilisant des ressources locales (des plaquettes forestières) ; un projet qui s’est élargi à un réseau de chaleur afin de chauffer mairie, école publique, salle polyvalente et ancien presbytère.
De même, déjà impliquée dans la production d’électricité locale, la commune bretonne de Pénestin a lancé un projet innovant d’autoconsommation collective ; un des quatre projets pilotes nationaux soutenus par le ministère chargé de l‘écologie.
Le « Power-to-Gas » s’envisage aussi en local
Nombreuses sont les collectivités à se pencher sur le Power-to-Gas (de l’électricité au gaz, l’hydrogène plus particulièrement). Le process peut en effet être largement décentralisé via de l’hydrogène produit par des électrolyseurs alimentés en énergies renouvelables locales. Dans une étude récente, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, estime que le développement d’hydrogène par électrolyse permettrait de réduire les émissions de CO2 françaises de 5 millions de tonnes par an (dans l’hypothèse où 615 TWh serait produit à partir d’ENR en 2035). Un projet démonstrateur existe à Dunkerque, dans le Nord, depuis 2018. GRHYD, c’est son nom, est piloté par Engie en partenariat avec GRDF, le CEA, Areva H2Gen et l’Ademe. Il a pour objectif d’évaluer les pertinences techniques et économiques d’une nouvelle offre basée sur le Power-to-Gas à destination de l’habitat. Le démonstrateur utilise l’électricité venant d’éoliennes voisines et permet d’alimenter une centaine de logements en hydrogène décarboné dans la région de Dunkerque. Cet hydrogène est utilisé pour le chauffage, l’eau chaude et la cuisson.