L’électricité : entre ENR et nucléaire, un choix d’équilibre
Avec plus de 70 % de nucléaire et au-delà de 20 % de renouvelables, la production d’électricité en France est déjà très largement décarbonée. Un équilibre voué à changer.
La loi de transition énergétique de 2015 (LTCEV) prévoit une part de 40 % d’énergies renouvelables (ENR) dans le mix en 2030. Dans la loi énergie-climat votée en 2019, le gouvernement a prévu de faire redescendre la part du nucléaire dans le mix électrique français à l’horizon 2035. Une échéance repoussée de 10 ans par rapport à celle de la LTCEV de 2015. L’équilibre qui a prévalu pendant près de 40 ans va ainsi être profondément modifié.
Un choix de rééquilibrage
Le choix des derniers gouvernements est de réduire la part du nucléaire pour éviter une trop grande dépendance à une seule source de production de courant. Or sur les dernières années, les émissions carbonées de la production électrique ne représentent en moyenne qu’un peu moins de 10 % du total. La production à partir d’énergies fossiles reste marginale, essentiellement pour les pointes de consommation hivernales. Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé pour 2022 la fermeture des quatre dernières centrales au charbon en France. Néanmoins, pour passer de 20 % d’ENR dans la production (dont la moitié provenant de l’hydraulique) à 40 %, une évolution importante du système électrique est nécessaire, avec en parallèle, une accélération du déploiement de toutes les filières ENR. C’est ainsi que la PPE se transforme en catalogue d’objectifs à atteindre, pour le solaire photovoltaïque (qui produit du courant), pour l’éolien terrestre et marin, pour les bioénergies, pour la géothermie, sans oublier les gaz de récupération… Et même pour l’hydroélectricité, au potentiel déjà très largement exploité en France.
Nucléaire ou 100 % ENR ?
Le choix de réduire la production nucléaire à 50 % en 2035 impose de fermer 14 réacteurs (parmi les plus anciens du parc d’EDF) à cet horizon. Pourtant, comme le souligne la PPE, l’atteinte de la neutralité carbone suppose que le mix électrique demeure décarboné à l’échéance de la SNBC, 2050. Si jusqu’en 2035, la question d’un renouvellement du parc nucléaire ne se pose pas, la progression des usages de l’électricité (véhicules électriques, pompe à chaleur, montée en puissance potentielle de l’hydrogène) va entraîner une hausse de la demande électrique de 30 % environ. Ainsi, le gouvernement, pour garantir la sécurité électrique, mise à la fois sur un potentiel renouvellement partiel du parc nucléaire et une étude sur la possibilité d’un scénario 100 % ENR après 2035.