Les énergies renouvelables à tout faire (électricité, chaleur et mobilité)
Si l’opinion publique a tendance à se focaliser sur les énergies renouvelables électriques telles que l’éolien et le solaire, toutes les ENR sont amenées à se développer.
Concernant les énergies renouvelables (ENR), la SNBC est très claire. Le levier mis en avant pour décarboner totalement la production d’énergie à l’horizon 2050 consiste à se reposer uniquement sur des sources d’énergie telles que la biomasse (déchets, produits bois, bois énergie…), la chaleur issue de l’environnement (géothermie, pompes à chaleur…) et enfin l’électricité décarbonée.
Toutes les ENR électriques sollicitées
Au titre de l’électricité, les ENR ont un rôle majeur, puisque dans la loi de 2015, leur part va être portée à 40 % d’ici à 2030. La PPE transcrit ces mesures à l’horizon 2028. Il est prévu de doubler la capacité installée des ENR électriques en 2028 par rapport à 2017 avec une capacité installée de 113 GW en 2028. L’objectif intermédiaire (à 2023) est d’augmenter de 50 % ce type d’ENR. Toutes les ENR électriques sont sollicitées.
Enfin la chaleur renouvelable trouve sa place.
Ainsi, le potentiel hydroélectrique, déjà largement exploité en France, devrait légèrement progresser. Entre modernisation et renouveau de certains petits barrages, l’objectif haut de la PPE à l’horizon 2028 table sur l’installation de quelque 3 GW supplémentaires, via de nouvelles constructions ou des modernisations, qui s’ajouteront aux 25 GW existants en 2017. La capacité installée en éolien terrestre devrait plus que tripler d’ici à 2023, et quintupler d’ici à 2028, pour atteindre les 81 GW. L’éolien offshore va lui aussi faire son entrée dans le tableau d’honneur des moyens décarbonés sur la période de la PPE, grâce aux trois premiers appels d’offres qui vont enfin se concrétiser. Le gouvernement a en outre prévu un plan de charge, avec appels d’offres pour l’éolien marin posé et flottant devant permettre d’atteindre jusqu’à 21 GW en 2028. Comme l’éolien terrestre, le photovoltaïque est largement appelé à la rescousse, avec un objectif à 2028 de 53 GW (scénario haut), soit, là encore, une multiplication par cinq du parc français par rapport à aujourd’hui (10 GW environ). Les grands groupes se sont déjà jetés dans cette bataille solaire, EDF annonçant 30 GW et Total 10 GW dans la foulée à l’horizon 2030. Les bioénergies font un peu pale figure (10 GW en 2028), mais elles ne pèsent presque rien aujourd’hui dans le mix électrique ; la biomasse devant surtout servir à la production de chaleur. Ainsi, à l’horizon 2028, les renouvelables devraient délivrer quelque 227 TWh sur le réseau, soit plus du tiers de l’électricité produite en France, alors que le nucléaire serait alors à 61 % de la production nationale. Et une part de cette électricité renouvelable devrait être utilisée localement pour la mobilité électrique (véhicules légers et utilitaires) ou pour produire de l’hydrogène afin d’alimenter des véhicules lourds, ou des trains (voire des navires).
Chaleur renouvelable à l’honneur
La chaleur, elle aussi, est enfin mise en avant ! L’objectif est d’augmenter de 40 % à 60 % la production de chaleur renouvelable par rapport à 2016, pour atteindre les 247 TWh en 2028, ce qui représenterait 38 % de la consommation totale de chaleur française. Le dispositif du Fonds chaleur va ainsi se voir renforcé afin de faciliter l’adoption des réseaux de chaleur à partir de biomasse notamment. Les réseaux de chaleur (et de froid), qui ont fait leurs preuves dans les pays nordiques pour mutualiser la chaleur, devraient ainsi atteindre une quantité à partir de renouvelables et de récupération livrés par les réseaux pouvant atteindre 38,7 TWh en 2028, soit une hausse de 50 % à 100 % du rythme de développement actuel, précise la PPE. Le biogaz n’est pas oublié. Le volume de biogaz injecté sur les réseaux gaziers devrait ainsi atteindre de 14 à 22 TWh en 2028, contre 0,4 TWh en 2017. Le biogaz (injecté ou utilisé directement) représentera une part de 6 % à 8 % de la consommation de gaz en 2028. Un biogaz qui pourra aussi être utilisé pour la mobilité. Enfin, les biocarburants devraient se maintenir, via la deuxième génération. Ils devraient atteindre les 5 TWh à l’horizon 2028 dans les carburants pour véhicules thermiques.
Les énergies marines hors éolien
Depuis plus de 50 ans, la France est l’un des seuls pays à exploiter une centrale marémotrice, La Rance. Alors que la montée en puissance des énergies marines (hors éolien) est perceptible en Europe, notamment outre-Manche, aidée par l’Union européenne, la PPE est peu disserte sur le sujet. Pourtant, le pays compte des PME en pointe dans l’hydrolien (Sabella et Hydroquest), voire dans le houlomoteur, l’énergie des vagues. Le gouvernement juge que, pour l’heure, ces technologies n’ont pas encore démontré leur rentabilité. Sans oublier l’énergie thermique des mers (ETM), qui pourrait notamment profiter aux territoires ultramarins, à la fois pour la production d’électricité, mais aussi pour la climatisation.