La « FIV à trois parents », une nouvelle technique de FIV controversée
En 2016 pour la première fois, dans une clinique mexicaine, une équipe américaine a donné naissance à un enfant « à trois parents » : c’est-à-dire un enfant porteur du patrimoine génétique de 3 personnes, via une FIV mobilisant à la fois le sperme d’un homme, l’ovule d’une femme et les mitochondries – organites présents au cœur des cellules – d’une deuxième femme. Pour éviter la transmission à l’enfant d’une maladie génétique (mortelle) des mitochondries de la femme du couple, l’équipe américaine a extrait le noyau d’un de ses ovocytes et l’a inséré dans l’ovocyte d’une donneuse dont le noyau avait été ôté. Le patrimoine génétique de la mère (contenu dans le noyau) est donc bien présent, tout comme celui du père, et, dans une moindre mesure, celui de la donneuse de « l’ovocyte vide ». En mai 2019, l’opération a été renouvelée en Grèce pour une femme, sans maladie génétique mais ayant tenté sans succès plusieurs FIV. Interdite aux États-Unis et en France, cette technique de FIV pose des questions concernant son impact possible sur la santé de l’enfant. « Les risques ne sont pas entièrement connus, a réagi Tim Child, professeur et directeur médical à l’université d’Oxford. Considérés comme acceptables dans le cas du traitement d’une maladie mitochondriale, ils ne le sont pas dans cette situation » où la femme n’était pas malade. Au-delà, cette technique pourrait ouvrir la voie à un potentiel nouveau marché pour les cliniques de fertilité privées : la possibilité pour des femmes âgées de recourir à des ovocytes de jeunes donneuses, auxquels on enlèverait le noyau pour y mettre le leur, et faire ainsi s’exprimer leur propre patrimoine génétique, tout en augmentant leur chance d’avoir un enfant sur le tard.