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Usage des techniques : « nous sommes dans un libéralisme incapable de s’auto-réguler »

#Innovation-Sciences 03/09/2020
  • Enjeux et tendances
    • Interview
Révision des lois bioéthiques : La procréation demain
Pierre Le Coz, philosophe, membre de l’Académie nationale de médecine, ancien vice-président du CCNE

 

Que dire de l’entrée de la technique dans la procréation ?

L’histoire de l’humanité est jalonnée par la confection d’outils sans cesse plus complexes. Mais il y a une rupture avec la civilisation industrielle au XIXe, et ses développements considérables. Aujourd’hui, une innovation en entraîne une autre, en cascade, comme si la technique dictait désormais à l’homme sa conduite. Dans le champ procréatif, elle crée un bouleversement car elle vient objectiver le corps et les éléments du corps humain. Ainsi le sperme, considéré comme un élément de l’intimité, devient un matériau, qui, parfois, a un prix et se vend. La technique tend à dessiner une vision de l’homme dans son seul aspect corporel et matériel, en niant sa subjectivité. Ainsi, on se contente de proposer à l’enfant né d’un don de connaître son donneur biologique, sans prendre en compte la complexité, plus subjective, de penser son origine.

Voir ainsi l’homme dépasser ses limites biologiques est aussi enthousiasmant.

En effet, il y a une sorte d’ivresse biotechnologique qui donne le sentiment que l’on peut désormais s’affranchir de la pesanteur du corps, le transformer en simple gisement d’exploitation, en une propriété.

La technique se trouve dans une période de toute-puissance.

C’est un leurre. Nous sommes ramenés à notre corps par nos expériences de mort, de vieillesse, de maladie. Perçue comme un vecteur d’émancipation permettant de répondre à nos désirs et nos souffrances, la technique se trouve dans une période de toute-puissance, où tout ce qui est techniquement faisable tend à être réalisé. La crise climatique nous fait prendre conscience que cela conduit à une dévastation. Pourtant nous ne parvenons pas à modifier nos comportements, car nous sommes habitués depuis une cinquantaine d’années à une société hédoniste, où le bien-être et l’indépendance dominent. Il nous faudra du temps pour apprendre à mettre des limites à notre désir de maîtrise absolue de la nature, probablement sous l’impulsion des nouvelles générations qui nous reprocheront d’être allé trop loin.

Ne faut-il pas plutôt faire confiance à l’avenir ?

Il faut craindre l’avenir car si personne n’a peur, nous allons à la catastrophe. En ouvrant les techniques procréatives aux couples de femmes et aux femmes seules, la dernière loi démantèle le dispositif bioéthique, niant la nature au nom d’une vision très artificielle et désincarnée de l’humain. Cette chair humaine se manifestera tôt ou tard. Je pense notamment, avec vertige, aux enfants et à leur difficulté à se construire sans filiation paternelle. Nous sommes emportés dans un libéralisme incapable de s’auto-réguler. Aujourd’hui la seule régulation de la technique vient d’elle-même, par son coût ou les limites de son efficacité. Nous ne parvenons plus à pondérer le désir adulte par souci de l’enfant, générant, en réaction, des mouvements fondamentalistes et ultra-conservateurs. La régulation pourrait venir du politique, mais celui-ci doit arbitrer entre l’éthique et d’autres valeurs telles que les droits des minorités, la cohésion sociale, les stratégies électorales. Son raisonnement, utilitariste, est le suivant : les effets sur les enfants ne sont pas certains, dans l’indétermination, permettons-nous donc tout de même de nouveaux usages de la technique en pariant sur leur capacité d’adaptation.

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