Lutte contre l’infertilité : la recherche au point mort
L’infertilité correspond à une difficulté à procréer. Elle est diagnostiquée après un an de relations sexuelles non protégées. Que sait-on aujourd’hui de ses causes ?
Dans 30 % des cas, elle concerne la femme, dans 30 % des cas l’homme, dans 10 % des cas les deux, et pour 30 % elle reste inexpliquée. Pour ces nombreux cas, « nous sommes un peu perdus, explique Charlotte Sonigo, médecin de la reproduction et chercheuse à l’INSERM. On ne sait pas vraiment quoi chercher. Alors, pour avoir tout de même quelque chose à proposer, on fait un parcours de FIV, pour tester… ».
Pourtant ces parcours de FIV sont lourds, et leur taux de succès faible puisque 20 % seulement en moyenne mènent à une grossesse. « Il y a une course à l’échalote sur la PMA, sans effort pour aller aux racines de l’infertilité », dénonce donc Virginie Rio, présidente de l’association Collectif BAMP ! qui réunit des couples infertiles et patients en AMP, et demande que la recherche se penche davantage sur cette réalité.
Dans 30 % des cas, l’infertilité reste inexpliquée.
Mécanisme particulièrement complexe, la fertilité d’un couple dépend d’une multiplicité de facteurs. Il s’agit d’un domaine encore largement inexploré, tant le recours aux FIV est presque automatique lorsqu’un problème survient.
Les timides avancées de la recherche
La recherche avance néanmoins, doucement. Par exemple à l’INSERM, dans le laboratoire de Nadine Binart, spécialiste de la reproduction, qui a mis au jour il y a seulement 5 ou 6 ans le mécanisme de l’hyperprolactinémie. « Cette maladie, qui rend infertile, est causée par un mauvais fonctionnement de l’hypophyse, la glande qui sécrète les hormones de la lactation, tout en empêchant l’ovulation. Dans le cas d’une hyperprolactinémie, elle fonctionne mal et perturbe le cycle féminin. » Les problèmes d’ovulation sont la première cause d’infertilité féminine. Suivent les trompes bouchées, puis des problèmes utérins tels qu’une malformation ou encore une endométriose (extension des tissus de l’utérus), qui empêchent l’implantation de l’embryon. Dans certains cas, le problème peut venir d’un problème de quantité ou de qualité de glaire. Côté masculin, l’infertilité s’explique souvent par un manque de quantité ou de qualité de sperme ou encore une obstruction des canaux.
Un recours automatisé à la FIV
Cependant, même lorsqu’on a su diagnostiquer la cause de l’infertilité, peu de traitements existent, à l’exception de solutions pour certains problèmes d’ovulation. Pour contourner le problème, la solution proposée est donc « généralement la FIV », explique Charlotte Sonigo. Un recours à la technique qui repose également sur des habitudes prises dans les centres d’AMP : dans le cas d’une endométriose par exemple, « la “mode” est aujourd’hui à la FIV plutôt qu’à l’opération chirurgicale », explique Charlotte Sonigo.
Le regard de la Cour des comptes
Avec seulement 20 % des FIV et 10,6 % des inséminations artificielles donnant lieu à une naissance, l’efficacité de l’AMP doit être « renforcée », selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre dernier, qui préconise aussi une meilleure information du public sur ces chiffres. Le coût total de l’AMP pour l’assurance maladie atteint 300 millions d’euros (2016).