Les innovations de demain
Des gamètes artificiels à partir de cellules de peau
Produire des ovules et des spermatozoïdes à partir de simples cellules de peau : le pas a déjà été franchi par une équipe japonaise en 2012 sur des souris. Les ovules produits ont été fécondés et ont donné naissance à des souriceaux viables. En 2015, des scientifiques britanniques et israéliens sont allés plus loin encore dans la production de ces « gamètes artificiels » en parvenant à créer, cette fois-ci chez l’homme, des cellules génératrices de gamètes à partir de cellules de peau. En bref, la manipulation consiste à transformer ces dernières en « cellules souches pluripotentes induites » (IPS), puis à « reprogrammer » ces cellules IPS en cellules générant des gamètes. Reste à savoir si ceux-ci pourront être fécondés et donner naissance à un enfant… « Si cela fonctionne sur la souris, cela devrait fonctionner sur l’homme dans une dizaine d’années », prévoit Jacques Testart, biologiste. Face aux questions éthiques soulevées par cette nouvelle possibilité, l’article 15 de la nouvelle loi bioéthique vient « encadrer » les recherches sur les cellules IPS : elles devront être déclarées à l’agence de biomédecine. Insuffisant selon la sénatrice communiste Laurence Cohen qui défend leur interdiction et interroge : « Ces gamètes pourraient créer de très nombreux embryons parmi lesquels on choisirait le génome le plus convenable sans imposer aux patientes les épreuves liées à la fécondation in vitro. Qui refuserait alors la promesse d’un bébé avec 0 défaut ? »
L’utérus artificiel, de la fiction à la réalité ?
Popularisée par Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et sa description d’une reproduction entièrement réalisée en laboratoire, l’idée d’une gestation assurée hors du corps de la femme dans une machine n’est pas qu’un fantasme de science-fiction. Personne ne sait si ce qu’on appelle l’ectogenèse sera possible un jour. Mais les recherches avancent : aux Pays-Bas, des scientifiques de l’université d’Eindhoven ont décroché en octobre dernier une subvention de 2,9 millions d’euros de l’UE pour développer un utérus artificiel. L’équipe espère mettre au point un prototype reproduisant l’environnement liquide de l’utérus d’ici 5 ans. Déjà, en 2017, le chirurgien Alan Flake à Philadelphie avait réussi à amener à terme 6 agneaux prématurés, plongés dans l’équivalent d’un utérus artificiel où ils avaient continué à se développer, sans que soient détectées ensuite de malformations critiques. Une telle machine serait destinée aux grands prématurés (nés entre 24 et 28 semaines d’aménorrhée), dont les poumons ne sont pas assez développés pour une oxygénation à l’air libre ou une ventilation artificielle. Mais « personne n’est dupe. Comme les inséminations artificielles ou les fécondations in vitro, les utérus artificiels seront utilisés pour des “désirs d’enfant” que la procréation naturelle ne permet pas de satisfaire », prévoit le médecin et philosophe Henri Atlan dans L’Utérus artificiel (Seuil, 2005). Outre les enjeux philosophiques soulevés par une telle machine, la question se pose aussi de son impact sur le développement de l’enfant, alors que l’on découvre de plus en plus la richesse de la vie intra-utérine et du lien avec la mère lors de la grossesse.