Comment l’e-commerce transforme nos villes
L’irrésistible ascension de l’e-commerce transforme en profondeur la physionomie des villes. Une reconfiguration qui suppose une vision omnicanale du commerce.
La révolution du numérique a transformé en profondeur les habitudes de consommation. La récente crise liée au Covid-19 n’a fait qu’accélérer le phénomène. L’e-commerce libère le consommateur d’une double contrainte : celle de l’espace et celle du temps. Où qu’il soit, quel que soit le jour de la semaine et à n’importe quelle heure de la journée, il peut acheter tout ce qu’il souhaite via son ordinateur, sa tablette ou son smartphone connectés à internet.
L’inexorable essor de la vente en ligne
L’achat de titres de transport ou de certains produits culturels comme les livres ou la musique a en grande partie déjà basculé sur ce canal virtuel.
Le cap des 100 milliards d’euros de ventes sur internet a été dépassé en 2019.
D’autres commandes notamment de produits alimentaires ou de vêtements y recourent moins. Mais l’apparition de nouvelles offres ne cesse d’étendre le champ d’action de l’e-commerce, et la récente crise sanitaire pourrait bien avoir levé les derniers freins liés à la sécurité des transactions sur internet. Le cap des 100 milliards d’euros de ventes sur internet a été dépassé en 2019, selon la Fédération e-commerce et vente à distance (FEVAD). Soit une hausse de 11,6 % par rapport à 2018. L’offre en ligne continue de s’étoffer avec plus de 190 000 sites marchands recensés, soit une hausse de 15 % sur un an. Certes, aujourd’hui les ventes de produits en ligne ne représentent encore que 10 % en moyenne de l’ensemble du commerce de détail. Mais le commerce physique est plus que jamais appelé à évoluer, voire à se réinventer : expérience client, commerce de proximité… Des rapprochements se multiplient ainsi entre géants du numérique et réseaux de magasins physiques (Alibaba/Auchan, Rakuten/Wal-Mart, Amazon/Whole Foods…).
L’e-commerce a besoin du commerce physique
« On assiste à une mutation profonde et durable de la façon dont les gens font leurs courses, ce qui aura des répercussions sur la géographie des villes d’ici dix ans », estime François Momboisse, président de la FEVAD. Et cela n’épargne ni les centres-villes, ni les périphéries commerciales. Mais l’e-commerce a besoin du commerce physique, gage de proximité permettant de livrer plus vite, d’essayer, de retourner, de retirer des commandes « click & collect » et de créer des événements. Les modèles commerciaux évoluent. Certains privilégient des surfaces de vente plus importantes, afin de proposer une nouvelle expérience client avec de multiples interactions connectées (Wi-Fi, bornes interactives, zones de loisirs, miroirs connectés, ateliers SAV…) ou physiques (services, spectacles, expositions…). D’autres choisissent de développer des lieux de vente de proximité, d’une surface plus réduite et généralement en centres-villes (Carrefour Market, À 2 pas d’Auchan…). La problématique de la logistique urbaine redevient ainsi centrale pour gérer au mieux les flux de marchandises dans les villes. Or, l’étalement urbain est souvent synonyme de bilan environnemental négatif en termes notamment de livraison. La tendance des politiques actuelles est de favoriser un recentrage sur les cœurs de ville et leur densification. Mais la démarche pour être efficace ne peut être que globale. Elle doit donc concerner aussi bien le logement, les services et l’aménagement urbain que les commerces, marqueurs forts de l’attractivité d’une collectivité.