États-Unis : San Francisco : extension du domaine du trottoir
La ville du Golden Gate Bridge a développé une nouvelle forme d’aménagement urbain : le parklet, une place de stationnement transformée en espace public.
Le parklet est un concept en plein essor. Mais de quoi s’agit-il ? Ces lieux de détente, d’échange ou tout simplement de pause sont en fait des modules d’extension du trottoir sur la bande de stationnement offrant ainsi un nouvel espace public pour un pique-nique, de la lecture, du micro-working, du jardinage, un spectacle, une exposition, un stationnement vélo…
Se réapproprier des places de stationnement extérieur
L’idée est née outre-Atlantique à San Francisco. En 2005, le collectif de designers californiens Rebar aménage une place de parking en espace de repos pour les piétons. Le concept plaît à tel point que naît dans la foulée le mouvement Park(ing) Day qui propose aux citoyens de toutes les villes du monde de se réapproprier des places de stationnement extérieur durant une ou deux journées.
Les parklets redéfinissent la distribution des espaces dans la ville.
Devant un tel engouement, la ville de San Francisco lance le programme « Pavement to Parks » (P2P). Mobiles ou fixes, permanents ou saisonniers, sur le domaine privé ou public, ces nouveaux espaces promus par la ville jouent résolument la modularité. Ouverts au public, ils sont amovibles et n’entravent pas le drainage en bordure de rue. Souvent financés par des acteurs privés, dont des commerces locaux qui équipent ainsi des emplacements en face de leur boutique ou des marques qui parrainent telle ou telle initiative, les parklets sont aujourd’hui plus d’une soixantaine à fleurir dans la ville.
Réinventer le potentiel d’une rue
Pour San Francisco, ce type d’aménagement a de nombreux avantages : cela permet de réinventer le potentiel d’une rue, de favoriser l’interaction avec le quartier, d’améliorer la sécurité et l’activité des piétons, d’encourager le transport non motorisé et de soutenir les entreprises locales. Plus largement, cette réappropriation et ce détournement d’un lieu public participent d’un véritable processus urbanistique. Les parklets redéfinissent en effet la distribution des espaces dans la ville et participent ainsi à sa reconfiguration en adéquation avec les attentes et les pratiques des citadins. Pour mener à bien sa politique dans ce domaine, San Francisco a mis en place une organisation ad hoc dirigée par un responsable qui supervise les opérations et la maintenance quotidiennes. Cette personne s’attache notamment à diversifier les partenaires : associations de quartier, services ou institutions culturelles, ONG et commerçants. Parmi les leçons tirées de son expérience de dix ans sur le sujet, la métropole californienne relève la nécessité de mener d’abord des opérations pilotes pour tester les concepts de parklets, de choisir des sites aux usages diversifiés favorisant une activité piétonne, d’engager un dialogue suivi avec les parties prenantes locales et enfin de veiller à assurer une équité entre les différents quartiers ou communautés de la ville.