Politique d’urbanisme commercial : mode d’emploi
Quelles sont les étapes à suivre pour mener une politique d’urbanisme commercial efficace ? Les réponses de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF).
« Pendant de longues années, l’urbanisme commercial a été l’angle mort des politiques publiques tant nationales que locales », lance Philippe Schmit, secrétaire général de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF). La primauté de la croissance de l’activité commerciale sur l’aménagement du territoire a toutefois connu, bien tardivement selon certains, une inflexion ces cinq dernières années.
Le secrétaire général de l’AdCF rappelle ainsi que la loi NOTRe de 2015 a été un déclencheur sur le sujet en insérant la notion de « politique locale du commerce » dans les compétences obligatoires en matière économique des communautés de communes et des communautés d’agglomération. « Il y a eu dès lors une prise de conscience de l’enjeu commercial et de sa dimension territoriale, le commerce étant souvent le révélateur de l’appauvrissement des villes lié notamment à la hausse des logements vacants ou à l’installation d’équipements en périphérie », note Philippe Schmit.
La relation commerce physique/commerce numérique
Un intérêt louable mais qui, en se focalisant encore trop souvent sur l’opposition entre centre-ville et périphérie, garde un train de retard. « Aujourd’hui, le plus important est la relation commerce physique/commerce numérique avec notamment les enjeux de logistique », relève le secrétaire général de l’AdCF qui estime que le changement de modèle en cours donne peu de visibilité aux élus et ce d’autant plus qu’ils maîtrisent encore mal l’univers du commerce. D’où l’intérêt pour les collectivités de mener une politique d’urbanisme commercial réfléchie et optimisée.
« L’urbanisme commercial a été l’angle mort des politiques publiques »
Dans son « guide d’actions foncières à destination des collectivités », baptisé « Revitalisation commerciale » et publié en octobre 2019, l’AdCF présente les principales étapes d’une intervention opérationnelle. À commencer par la réalisation d’un diagnostic commercial et immobilier, la définition d’un plan de marchandisage et d’une programmation commerciale et l’identification des opérateurs locaux, des financements et des montages possibles. Un travail en amont qui doit également s’accompagner d’une mobilisation des procédures d’urbanisme et des outils réglementaires existants (documents d’urbanisme, Opérations de revitalisation territoriales…).
Le rôle central de l’opérateur de commerce
L’AdCF met notamment l’accent sur le processus d’acquisition, directement par la collectivité ou par l’intermédiaire d’un opérateur de commerce, de cellules vacantes visant à remettre le parc commercial à niveau et à relancer sa commercialité par des activités pionnières. Une démarche qui ne peut faire l’économie de la construction d’un pôle de compétence locale avec généralement la création d’un opérateur de commerce, « le plus à même de mener une telle politique en organisant la gouvernance de façon optimale avec une assise territoriale suffisamment large », souligne Philippe Schmit. Ce dernier rappelle toutefois que « les collectivités locales sont encore en phase pré-opérationnelle sur ces questions ».