Normandie : Rouen s’engage dans l’urbanisme tactique
Afin de transformer les usages, Métropole Rouen Normandie a intégré l’urbanisme tactique à sa stratégie de requalification de l’espace public.
Certains appellent cela joliment l’« acupuncture urbaine ». Plus prosaïquement connue sous le terme d’urbanisme tactique, cette technique consiste à apporter des petites améliorations temporaires ou définitives à un espace public afin d’attirer les gens, d’encourager l’activité ou de rendre un quartier plus accueillant. Dans sa forme la plus minimaliste, l’urbanisme tactique peut recourir à un simple dessin au sol ou à l’installation de mobilier urbain à base de matériaux de récupération. Les réalisations les plus élaborées peuvent passer par la transformation de magasins vides en « Pop’up stores » temporaires.
Des solutions moins coûteuses et plus rapides à mettre en œuvre
Métropole Rouen Normandie a décidé de faire de l’urbanisme tactique l’un de ses leviers de transformation de l’espace public. « La réflexion a débuté dès 2015 lors de la création de l’intercommunalité qui s’est vu attribuer des compétences en matière de voirie », explique Catherine Goniot, directrice générale adjointe du département Espace public & Mobilités durables de Métropole Rouen Normandie. « En complément de notre politique de requalification de l’espace public en centre-ville, nous cherchions des solutions moins coûteuses, plus rapides à mettre en œuvre et possiblement éphémères pour permettre notamment d’attirer le public sur des zones moins fréquentées. » Pour ce faire, la collectivité s’est attaché les services de la consultante Sonia Lavadinho du cabinet Bfluid afin d’étudier des pistes d’amélioration de la « marchabilité » de son centre, autrement dit de son potentiel piétonnier (en l’occurrence l’un des plus anciens et des plus denses de France). « Le plus difficile est de convaincre les élus, les techniciens des services de la ville et les commerçants. Pour eux, transformer les usages – ce qui est la vocation de l’urbanisme tactique – est moins évident que transformer radicalement l’espace », constate Catherine Goniot.
Des démonstrateurs pour convaincre
Parmi les diverses opérations prévues par la ville, l’une d’entre elles en cours de réalisation consistera à aménager une petite rue reliant la principale artère commerçante du centre, la rue du Gros-Horloge, à la rue aux Ours bien moins fréquentée mais proposant pourtant des commerces originaux. Une fresque murale, des jardinières et un long banc design ondulé seront destinés à créer un micro-espace de détente et de pause qui puisse inciter à découvrir quelques mètres plus loin la rue aux Ours. « Toutes les études montrent que la possibilité de séjourner dans un espace en tant que piéton favorise la consommation », remarque Catherine Goniot. Reste à convaincre les commerçants qu’il est dans leur intérêt de limiter la place de la voiture pour installer ce type d’aménagements. « Ce genre de démonstrateur que nous comptons développer dans certaines zones pilotes doit permettre de leur démontrer que cela fonctionne », espère la responsable de la collectivité. Pour elle, « l’objectif est que les commerçants s’emparent de cette politique, qu’ils en deviennent des acteurs, comme ils savent d’ailleurs le faire occasionnellement pour des opérations comme les braderies ».