Eau potable : les zones de captage font l’objet de toutes les attentions
De multiples initiatives réunissent acteurs de l’eau et agriculteurs autour de la protection de la ressource en eau potable.
Inscrite dans la directive-cadre sur l’eau (DCE) et la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA), la restauration de la qualité des eaux sur les aires d’alimentation de captages prioritaires fait l’objet depuis 2009 d’un partenariat entre l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et la fédération des entreprises de l’eau (FP2E). Cette démarche nationale se décline localement sur 10 sites pilotes, où sont menées des actions aussi bien préventives que curatives pour préserver les ressources et maintenir la biodiversité. Pour contribuer à protéger les 1 000 captages d’eau potable prioritaires inscrits dans les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) pour 2016-2021, les partenaires travaillent notamment à des plans d’action multi-acteurs (agences de l’eau, collectivités locales, agriculteurs, grand public/associations) à l’échelle des bassins versants et aux modalités d’utilisation en agriculture de boues de stations d’épuration.Proche dans son esprit, la démarche Re-Sources a été initiée dans les années 2000 par l’ancienne région Poitou-Charentes en réponse à une dégradation de la qualité des ressources en eau potable due à de multiples pollutions (domestique, industrielle et agricole), essentiellement liées aux nitrates et aux produits phytosanitaires. Avec 45% du territoire classé en zones vulnérables et un état des masses d’eau globalement insatisfaisant, cette dégradation avait conduit à la fermeture de plus de 300 captages entre 1970 et 2000. Cette démarche, multi-partenariale, élargie à toute la région Nouvelle-Aquitaine, mobilise l’ensemble des acteurs locaux autour d’un programme d’actions préventives visant à sécuriser la production d’eau potable dans la durée en protégeant les eaux captées. Les bassins d’alimentation de captage ayant une forte vocation agricole, la plupart de ces actions induisent des changements de pratique et une évolution des systèmes de production vers une agriculture durable.
Le régime d’aide agricole lancé par Eau de Paris validé à Bruxelles
A Paris, les premiers partenariats avec des chambres d’agriculture remontent à 1990 et à l’apparition des premiers pics de nitrates et de pesticides. Au fil du temps, la Ville acquiert avec l’agence de l’eau près de 500 hectares loués sous forme de baux ruraux environnementaux à prix réduits et se dote d’une usine de traitement au charbon actif à Sorques (77), puis d’une unité complémentaire de désinfection aux ultraviolets et par chloration à Arcueil (94), au débouché de l’aqueduc du Loing. Surtout, elle accompagne les agriculteurs implantés sur les aires d’alimentation de captages d’Eau de Paris vers des pratiques moins chargées en intrants, jusqu’à la conversion au bio. Eau de Paris franchit aujourd’hui un nouveau cap en lançant son propre régime d’aide agricole, validé en janvier 2020 par la Commission européenne. Fondé sur le principe du « paiement pour services environnementaux », il consiste en subventions aux agriculteurs volontaires et pourrait bénéficier dès cette année à 200 exploitations sur une superficie de 146 000 ha, dont 87 000 ha de surfaces agricoles. Le budget estimatif du dispositif s’élève à 47 millions d’euros sur une dizaine d’années, financés à 80% par l’agence de l’eau Seine-Normandie.