« Notre priorité est la qualité de l’eau qui arrive au robinet »
Quelles sont les principales avancées en France de ces dernières années dans la lutte contre la pollution de l’eau ?
En France, la quasi-totalité de la population est alimentée par une eau potable de très bonne qualité. Pour fournir cette eau, nous protégeons les puits de captage de toutes les pollutions chimiques et biologiques. De plus, l’eau du robinet fait l’objet d’un suivi sanitaire rigoureux et régulier ; elle constitue ainsi le bien de consommation le plus contrôlé. D’autre part, la qualité de l’eau dans nos fleuves et nos rivières, mais aussi la qualité des eaux de baignade, sont en constante amélioration. Cette amélioration est liée à nos actions de mise aux normes des stations d’épuration d’eaux usées de ces dernières années.
Quels sont les principaux défis devant nous et les priorités du gouvernement ?
Notre première priorité est le maintien de la qualité de l’eau qui arrive au robinet de nos concitoyens. La crise sanitaire actuelle et la nécessité de mettre en place des gestes barrières (lavage des mains notamment) nous rappellent l’importance de l’accès de tous à une eau potable de qualité. Pour ce faire, nous renforçons les mesures de protection des puits de captage d’eau potable. Notre deuxième priorité est l’amélioration de la qualité de l’eau dans nos fleuves et nos rivières et l’objectif de bon état écologique de nos fleuves et de nos rivières, fixé par la directive cadre européenne sur l’eau. Cela passe par une réduction de la pollution, qu’elle soit d’origine urbaine, agricole ou industrielle, rejetée dans le milieu.
Quelles sont les pollutions les plus complexes à traiter ?
La pollution par les micropolluants, c’est-à-dire par des molécules présentes à des concentrations très faibles, constitue aujourd’hui un enjeu majeur. Plus de 100 000 molécules synthétiques, qui peuvent se retrouver dans les eaux, sont aujourd’hui produites pour des usages variés : pesticides, plastifiants, médicaments, cosmétiques… La réduction des pesticides dans l’eau passe par un changement des pratiques agricoles. Ces évolutions sont en train d’être mises en place mais elles sont longues car elles impliquent des changements non seulement à l’échelle de l’exploitation agricole, mais également dans la formation et l’information apportées aux agriculteurs, dans la recherche d’alternatives, dans les filières qui transforment et commercialisent les productions, ainsi que dans les modes de consommation et d’alimentation. Pour la part des micropolluants présents dans les eaux usées domestiques, les stations d’épuration d’eaux usées n’ont pas été conçues à l’origine pour traiter ce type de pollutions. Pour améliorer ce traitement, nous accompagnons les stations dans la modernisation de leurs technologies et nous soutenons la recherche de solutions innovantes.
En quoi le changement climatique influe-t-il la façon dont la France doit protéger sa ressource en eau ?
Le changement climatique va s’accompagner d’une augmentation de la fréquence et de la durée des épisodes de sécheresse, nous le savons et nous travaillons pour anticiper au maximum ces prochaines crises. Par conséquent, le partage de l’eau entre l’agriculture, l’alimentation en eau potable, la production d’énergie et la protection de l’environnement, est une question cruciale. Aujourd’hui, nous accompagnons la transformation de notre modèle agricole vers un modèle plus durable et plus économe en eau. La réduction de la quantité d’eau dans les milieux aquatiques va également se traduire par une dilution moindre des polluants présents. Aussi nous devons veiller à en limiter les émissions, qu’ils soient d’origine urbaine, agricole ou industrielle, et à améliorer les procédés de traitement des eaux usées. C’est ce que nous faisons.