La Méditerranée asphyxiée par le plastique
La plus grande mer d’Europe est aussi la plus polluée, essentiellement en raison des déchets plastiques qu’y déversent les pays riverains, dont la France.
Avec quelque 200 déchets par kilomètre carré, la mer Méditerranée, joyau touristique du Vieux Continent, mais aussi trésor de biodiversité, est quatre fois plus polluée que la Mer du Nord. C’est le triste résultat de l’étude menée par l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) entre 1994 et 2017 et publiée en juin 2019. Cette concentration était deux fois plus importante en 2012 que dans les années 1990, un pic à 300 déchets/km2 ayant été décelé en 2015. 60% de cette pollution est d’origine plastique.
La Méditerranée reçoit 600 000 tonnes de déchets plastique par an.
Un constat que vient conforter une autre étude, également publiée en juin 2019 par le WWF. Sur les 24 millions de tonnes de déchets plastiques produits collectivement par an par les 22 pays du pourtour méditerranéen étudiés, l’ONG pointe du doigt une gestion inefficace pour 28% d’entre eux (le reste étant soit enfoui à 42%, incinéré à 14% ou recyclé à 16%). Une part importante se retrouve dans la nature, charriée dans les cours d’eau par le vent, les inondations ou le ruissellement avant de finir leur course dans la mer. L’étude estime ainsi que 600 000 tonnes de déchets plastiques seraient déversés dans la Grande Bleue, d’où ils ne peuvent pas vraiment être évacués. En effet, les 2,5 millions de kilomètres carrés de la plus grande mer européenne sont quasiment clos.
Vers un quadruplement des déchets plastiques d’ici 2050
Sur ces 600 000 tonnes déversées chaque année dans la Méditerranée, quelque 250 000 tonnes proviennent d’Egypte, 110 000 tonnes de Turquie et 40 000 tonnes d’Italie. La France est le premier producteur de déchets plastique de la région. Elle en a produit en effet pas moins de 4,5 millions de tonnes en 2016, soit un volume de 66,6 kilos par personne. Mais comme 98% de ce volume est collecté (et seulement 22% recyclé), seuls 2% risquent de se retrouver dans la nature. Cela représente 80 000 tonnes par an, mais d’après le WWF, 11 200 tonnes seulement finissent dans la Méditerranée. Sur les côtes françaises, les régions de Marseille, Nice et la Corse sont les zones les plus polluées en raison de la forte activité touristique qu’elles abritent. Mais de façon générale, le matériel de pêche (casiers, filets) et les déchets liés au transport maritime tels que les conteneurs figurent au premier rang des déchets retrouvés dans les eaux. Il est urgent d’agir, car sinon, le quadruplement des volumes de plastique prévu d’ici à 2050 dans les pays du pourtour méditerranéen pourrait se traduire par un même quadruplement de la concentration en déchets dans les eaux méditerranéennes. Pas sûr que la Grande Bleue parvienne à s’en remettre.
Quelles alternatives au plastique ?
Facile à mettre en forme, bon marché, imputrescible… Les qualités du plastique le rendent difficile à remplacer. Mais les interdictions qui se succèdent incitent à chercher des alternatives plus responsables.
Outre les recherches sur le bioplastique, le procédé mis au point par le Français Carbios, qui permet de recycler du PET à l’infini, suscite beaucoup d’espoir. La startup française a en effet trouvé comment briser les chaînes formant le plastique utilisé pour fabriquer 500 milliards de bouteilles par an, afin de les transformer en matière première de base utilisable pour refabriquer ces bouteilles et contourner la pétrochimie.