Couverture territoriale : entre réseaux des villes et réseaux des champs
Si la dimension des usages numériques est de mieux en mieux renseignée par la recherche, qui en fait une clé d’entrée essentielle à toute démarche d’inclusion numérique, la question de l’accès aux infrastructures demeure le premier déterminant de la fracture. “Zones blanches”, “zones grises”, zones très bien couvertes mais offrant une très faible qualité de débit… La carte de France dessine en l’occurrence d’importantes disparités, régulièrement pointées par le tissu associatif et par les élus des zones rurales.
541 communes de France toujours déclarées en zone blanche.
Car c’est bien la bipolarisation “villes-champs” qui guide le curseur sur l’échelle de la couverture et donc de l’accès. Dans une étude publiée en mars 2019, l’UFC Que Choisir estime que 10,1% des consommateurs ne disposent pas d’un Internet de qualité minimale et que près de 12,8 millions de personnes se trouvent privées d’un “bon haut débit”. Surtout, près du tiers (31%) des habitants des communes de moins de 1 000 habitants (soit 73% des communes en France) ne peut pas accéder à un Internet de qualité minimale, et près de la moitié d’entre eux (47%) est privée de “bon haut débit”.
Le coût du plan France Très Haut Débit largement sous-évalué
Côté haut débit (ADSL), les communes les plus rurales enregistrent en moyenne des débits à 43% plus faibles que les villes de plus de 30 000 habitants, ce qui affecte grandement les usages les plus communs de l’Internet. Pour ce qui est du très haut débit, les écarts sont encore plus marqués. Pour une partie des populations exclues d’un accès de qualité correcte à Internet, l’arrivée de la fibre optique pourrait apparaître comme une solution. A condition que les pouvoirs publics soient en mesure d’assumer le coût de son déploiement. Dans un rapport très critique publié en mai 2018, la Cour des comptes réévalue à 34 milliards d’euros, au lieu des 20 prévus initialement, le coût du plan France Très Haut Débit, estimant en outre qu’un objectif de raccordement d’ici à 2030 était plus réaliste que l’horizon initialement fixé à 2022.
Réseaux mobiles : la Lozère, l’Ariège et la Corse à la traîne
L’Internet mobile progresse lui aussi incontestablement. Le baromètre du second trimestre 2019 de Zone 5G, qui présente l’état des lieux du déploiement du réseau 4G par les opérateurs dans les départements et les régions de France, fait état d’une progression nationale moyenne de la couverture de 9% entre 2018 et 2019. Mais, là aussi, les disparités ont la peau dure. Au second trimestre 2019, certains territoires restent mal couverts, avec des taux inférieurs à 50% (82% pour la moyenne nationale). C’est le cas des départements de la Lozère (38%), de l’Ariège (45%) et de la région Corse (66%). Et que dire des 541 communes de France qui continuent d’être déclarées en zone blanche et où il est tout bonnement impossible de téléphoner depuis un smartphone, ou de surfer sur Internet depuis une tablette… Quid de la 5G ? Soucieux d’éviter les erreurs commises avec la 3G et la 4G, l’exécutif veut astreindre les opérateurs à ne pas se focaliser uniquement sur les grandes agglomérations, plus rentables. L’Arcep, le régulateur des télécoms, souhaite ainsi qu’à la fin 2022, chaque opérateur propose un débit de 240 mégabits par seconde sur 75% de ses sites mobiles dans l’Hexagone. Ce qui, en clair, oblige les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à se préoccuper d’emblée de la couverture en 5G des territoires ruraux.