« Il n’y a pas d’échelle idéale pour orchestrer des stratégies d’inclusion »
Comment est née votre volonté d’agir pour l’inclusion numérique ?
Le vrai déclic est venu avec l’obligation faite aux contribuables de déclarer leurs revenus en ligne. Comme plusieurs autres maires de l’Agglo, j’ai réalisé à l’échelle de ma commune de 2 700 habitants à quel point cette obligation mettait un grand nombre d’administrés a minima dans l’embarras, sinon en panique. Avec huit autres maires du Sicoval, nous avons décidé de prendre ce sujet à bras le corps. Dès février 2019, l’agglo a été la première intercommunalité reconnue “territoire d’action pour un numérique inclusif” (TANI) au niveau national. Elle bénéficie à ce titre du soutien de l’État pour agir comme laboratoire d’expérimentations, en accueillant et testant des outils et dispositifs facilitateurs d’inclusion numérique, avant leur éventuel déploiement à l’échelle nationale.
En quoi ce label vous engage-t-il ?
Il s’agit de mettre en place des outils pour aider les usagers à réaliser leurs démarches administratives en ligne, ainsi que des dispositifs de formation et des kits d’outillage pour les aidants numériques (agents administratifs d’accueil, travailleurs sociaux).
Première intercommunalité reconnue “territoire d’action pour un numérique inclusif“.
L’engagement porte aussi sur le travail de prévention des risques liés aux outils numériques : surexposition aux écrans, protection des données personnelles, surinformation couplée à la difficulté à trouver une information qualifiée, sédentarité. Enfin, l’agglo participe au recensement des acteurs de la médiation numérique et au regroupement des acteurs de l’inclusion. Car c’est bien là le nerf de la guerre : coordonner et mutualiser les approches et des outils pour pérenniser les actions.
Pouvez-vous mentionner quelques initiatives ?
En 2018, le Sicoval a lancé une première action de sensibilisation à un usage maîtrisé du numérique auprès des enfants d’Ayguesvives, de leurs parents et d’éducateurs, en collaboration avec la start-up Freya Games et l’association Savoir Devenir. C’est également à Ayguesvives que nous avons testé auprès de 25 professionnels du Sicoval et des Pyrénées-Atlantiques le dispositif “Aidants connect” visant à sécuriser les démarches administratives faites par un tiers. Un appel à volontaires a été lancé à cette occasion pour expérimenter à court terme la première version de cet outil, qui sera déployé sur l’ensemble du territoire national à partir de 2020.
Quelle est selon vous la meilleure échelle territoriale pour lancer et piloter les actions ?
Je ne pense pas qu’il y ait d’échelle idéale pour orchestrer des stratégies d’inclusion numérique. Le Sicoval compte 36 communes, dont neuf sont engagées dans la démarche d’inclusion. Peut-être une agglo très rurale regroupant une centaine de communes aura-t-elle intérêt à passer le relais au département… Peut-être une grande métropole sera-t-elle à l’inverse avisée de laisser la main aux quartiers… Le Sicoval est né il y a 45 ans, ce qui en fait, historiquement, la première intercommunalité du pays. Cette ancienneté, mais aussi le fait qu’il n’y ait pas chez nous de ville-centre, nous ont permis d’installer une vraie culture d’intégration et de subsidiarité. Nous sommes en outre un territoire foncièrement péri-urbain, donc en pleine transformation et avons souvent été en pointe en termes d’innovation sociale et sociétale.