Infrastructures et usages : un enjeu d’attractivité territoriale
Les politiques nationales d’inclusion numérique ne réussiront pas sans le relais des territoires. Pour ceux-ci, le déploiement des infrastructures et l’autonomisation des usages numériques sont aussi synonymes de développement économique.
Tiers-lieux, bus numériques, ateliers participatifs, plates-formes d’échanges… On ne compte plus les initiatives menées par et dans les territoires pour réduire les effets de la fracture numérique, accompagner les citoyens dans leur appropriation d’Internet, a minima les épauler dans leur démarches administratives. Si l’État impulse, encadre et soutient à une échelle régalienne la stratégie d’inclusion numérique et ses déclinaisons dans les villes et les campagnes, les collectivités en sont les chevilles ouvrières, en tant que relais institutionnels bien sûr, mais aussi et surtout dans l’identification des besoins et des publics cibles, l’animation des actions sur le terrain, la mobilisation et la coordination des acteurs. On ne sait que trop dans les territoires que le succès de toute démarche repose sur la contribution régulée de l’ensemble des acteurs publics et des associations du champ social dans les bassins de vie (CCAS, MSAP, CAF, MSA, Pôle emploi, CPAM, associations d’aide à domicile, etc.), qui ont eux-mêmes, pour beaucoup, dématérialisé nombre de leurs procédures. L’implication des territoires dans le déploiement des usages numériques et l’encapacitation citoyenne relève d’une responsabilité politique non négligeable : la numérisation – qu’il s’agisse de couverture et de qualité des infrastructures, mais aussi d’accès et d’usages – constitue un puissant levier de développement et d’attractivité, pour les communes, les intercommunalités et les départements. Le numérique crée de l’emploi ou permet à tout le moins d’en importer, il participe de la dynamisation des échanges marchands et de l’ouverture économique et culturelle, il agit comme un puissent vecteur d’innovation sociale.
Acculturation des élus et des fonctionnaires aux enjeux du numérique
Jusqu’à présent, le déploiement des usages du numérique s’est plutôt fait sur un mode expérimental et pointilliste, au gré d’un foisonnement d’initiatives, avec l’appui de petites équipes d’innovateurs. Bien souvent, en outre, les projets territoriaux ont visé la modernisation technique par de l’investissement dans les outils informatiques.
Inscrire l’action dans une vision globale et programmatique.
Or, la transformation numérique de la société, des organisations du travail, des process de consommation, des modèles économiques, des métiers et des compétences et, plus globalement, de tous les modes d’interaction ne peut que pousser les territoires à inscrire leur action dans une vision globale et programmatique. Une lecture stratégique qui appelle, à tous les échelons territoriaux, un important chantier d’acculturation aux enjeux de l’inclusion numérique. Élus, directions, services, personnels sociaux, agents en contact avec les citoyens : il s’agit d’embarquer l’ensemble des forces vives sans exclusive.
A quand une gouvernance du numérique à chaque échelon territorial ?
La gouvernance du numérique devrait être plus systématiquement intégrée au niveau des directeurs d’administration dans les effectifs des collectivités si elles veulent porter cette vision globale et faire émerger une culture du numérique dans les services. La formation des élus et des fonctionnaires publics territoriaux doit en outre leur permettre de renforcer leurs compétences sur tous ces enjeux. Enfin, puisque le numérique permet de répondre à la demande citoyenne de réappropriation de l’espace public et politique et de participation accrue aux processus de décision publique, les territoires doivent miser sur les civic tech. Si l’impulsion de l’État est déterminante, c’est dans les territoires que se mène la bataille de l’inclusion, bassin de vie par bassin de vie.