États-Unis • Boston : la data au service de la cohésion citoyenne
Pionnière mondiale de l’opendata, la capitale du Massachussetts a fait du numérique un levier de participation de la population à l’action publique.

C’est l’une des premières villes au monde à avoir fait du numérique la colonne vertébrale de son action vers les administrés. Boston, capitale du Massachussetts, a très vite vu dans l’opendata un matériau susceptible de rassembler les administrés autour de l’intérêt général. Une approche préventive plutôt que curative de la fracture numérique, reposant sur la mise en œuvre de services largement diffusés et facilement accessibles aux citoyens, mais également sur des moyens et ressources adaptés dans les services chargés de gérer les dispositifs en place.
Prévention contre la précarité et la violence
Dès 2009, la ville crée CityScore, un tableau de bord référençant une vingtaine d’indicateurs en temps réel, qui aujourd’hui encore est considéré comme l’un des projets les plus aboutis en matière de crowdsourcing de données outre-Atlantique. Dans la foulée, la ville développe Citizen’s Connect, une application permettant à chacun de prendre des photos, géolocaliser et commenter un problème, le signaler aux services de la ville, en suivre la résolution, identifier les employés mobilisés pour l’occasion et les féliciter. Preuve de la pertinence de l’outil en termes d’ergonomie, de facilité d’utilisation : sa performance fonctionnelle.
Les services traitent plus de 80% des signalements remontés par les citadins.
Quand la plupart des applications lancées par les villes en France se soldent par de faibles taux d’utilisation avant d’être abandonnées, les services municipaux de Boston parviennent, dix ans après le lancement des interfaces, à traiter plus de 80% des incidents signalés, alors même que le flux n’a cessé d’augmenter. La solution s’est avérée particulièrement utile pour rétablir au plus vite les connexions routières et électriques après le passage de l’ouragan Sandy en 2012. Le croisement des données de Citizen’s Connect avec les portails d’opendata a également permis à la ville, à partir d’une analyse sociologique des espaces urbains, de lutter de manière prédictive contre le développement de la précarité et de la violence dans certains quartiers.
Des applications mobiles pour les citoyens
Dans la lancée, la ville a créé “Boston About Results” (BAR), un portail permettant aux citoyens de suivre, avec plus ou moins de précision, les résultats de nombreuses administrations et l’évolution des statistiques socio-économiques de la ville (chômage, investissements, ouvertures d’entreprise, position d’une administration par rapport à des objectifs, etc.). Les citoyens disposent également d’applications mobiles participatives inédites : “Street Bump”, qui exploite les capteurs de mouvement et le GPS du smartphone embarqué en voiture pour signaler à la ville les irrégularités de la chaussée, ou encore “Where’s My School Bus”, outil de localisation en temps réel des bus scolaires. En 2014, la ville a recruté au poste de chief information officer une figure de l’opendata, Jascha Franklin-Hodge, diplômé du MIT, cofondateur de l’agence de stratégie digitale Blue State Digital (BSD), aux manettes numériques des campagnes de Barack Obama en 2008 et 2012. Sa mission : créer, déployer et animer un écosystème permettant de libérer la data urbaine et de l’exploiter à des fins d’amélioration de l’action publique.