Prisons pour mineurs : une solution controversée
Au 1er octobre 2019, 801 mineurs étaient détenus en France, soit 1% de la population carcérale (chiffres de la Direction de l’administration pénitentiaire). Plus des trois quarts d’entre eux étaient des prévenus. Depuis trente ans, l’emprisonnement représente environ un tiers des peines prononcées à l’encontre des mineurs. Ces derniers peuvent être détenus soit dans l’un des six établissements pénitentiaires spécialisés pour mineurs (EPM) mis en place en 2002, soit dans des quartiers pour mineurs (QPM) de prisons pour adultes. Souvent vétustes et surpeuplés, les QPM permettent rarement de garantir un suivi socioéducatif.
Si l’on y ajoute les jeunes en centres éducatifs fermés, ce sont plus de 1300 mineurs qui sont enfermés, selon l’OIP-SF (Observatoire international des prisons-Section française). La tendance devrait encore s’accentuer avec la création annoncée par le gouvernement de vingt nouveaux centres éducatifs fermés d’ici 2021. Or, « dans un contexte de maîtrise, voire de réduction, des budgets alloués à la Protection judiciaire de la jeunesse, la création des CEF, compte tenu de leur coût, n’a pu se faire – au moins en partie – qu’au détriment des autres structures, dont le coût est sensiblement plus faible », notait un rapport sénatorial à l’occasion d’une mission d’information sur la réinsertion des mineurs enfermés en septembre 2018.
La conclusion des différentes études menées sur les effets de la prison rejoint la condamnation sans appel de l’incarcération des mineurs par les neuropsychiatres. Ce que le sociologue Nicolas Sallée résume ainsi : « Les éducateurs courent le risque d’être rappelés à l’ordre de la sécurité inhérente à l’espace pénitentiaire. »