Les priorités d’une nouvelle stratégie de prévention de la délinquance
La nouvelle stratégie du CIPDR vise à « appliquer la loi et redonner de la cohésion sociale ». Frédéric Rose, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), explique la nouvelle stratégie du Comité autour de six thèmes clés.
1. Empêcher le premier passage à l’acte délinquant
« Au-delà de la prévention dite » primaire » à caractère éducatif et social et s’adressant à de larges publics, la réponse élaborée par le SG-CIPDR s’appuie sur des approches individualisées pour prévenir le premier passage à l’acte délinquant. Elle se traduit par des actions ciblées de prévention « secondaire », tournée vers des jeunes exposés à ce premier passage. Cette cible est l’une des priorités de la nouvelle stratégie de prévention de la délinquance que nous venons de publier, avec l’idée de commencer la prévention au plus tôt. Elle traite le problème à sa racine en agissant le plus en amont possible de la délinquance : nous abaissons ainsi le seuil d’intervention en deçà de 12 ans. Et apportons des réponses adaptées pour ce nouveau public : sensibilisation à la cyber délinquance, éducation aux médias et à la citoyenneté… Pour optimiser la réussite de ces réponses, la famille est davantage impliquée et soutenue dans l’exercice de l’autorité parentale .»
2. Prévenir la récidive
« La prévention de la récidive, dite prévention tertiaire, est trop souvent perçue comme relevant uniquement de la compétence des autorités judiciaires. Pourtant, une fois la phase judiciaire terminée, ce public revient dans la grande majorité des cas sur son lieu de résidence d’origine : les maires sont donc directement concernés. Là aussi, notre nouvelle stratégie aide à identifier ces jeunes en risque de récidive et propose des mesures portées avec les communes et les intercommunalités, en lien avec le parquet, la protection judiciaire de la jeunesse ou les services pénitentiaires d’insertion et de probation (TIG, Tapaj, justice restaurative…). Notre objectif étant de favoriser leur réinsertion sociale. »
3. Repérer en amont la radicalisation
« En agissant plus tôt et en allant plus loin dans la prévention de la délinquance des jeunes, notre volonté est de faire le lien entre la prévention de la délinquance et la prévention de la radicalisation. Cette première doit entraver le développement de profils » mixtes » qui basculent dans la radicalisation.
L’une des priorités est de commencer la prévention au plus tôt.
Des mesures spécifiques comme le soutien à la parentalité, le renforcement de la prise en charge psychiatrique d’adolescents violents, l’activation d’une présence éducative sur les supports numériques, le renforcement du maillage en éducateurs de rue concourent à la fois à la prévention de la délinquance et de la radicalisation. Conformément à la volonté du Premier ministre (cf. CIPDR avril 2019), nous avons intégré ces mesures parmi les axes d’effort du Plan national de prévention de la radicalisation. »
4. Favoriser les partenariats de proximité
« Afin d’améliorer l’efficacité de notre nouvelle stratégie et de veiller à la rendre opérationnelle, nous avons revu les responsabilités respectives de l’État et des collectivités territoriales. Cette stratégie réaffirme le pilotage par le préfet de département dont le rôle pivot est d’organiser la concertation visant à élaborer le plan départemental de prévention de la délinquance, en lien avec le procureur de la République et l’ensemble des services de l’État concernés. Elle conforte également le maire dans le pilotage de la politique de prévention de la délinquance grâce au conseil local ou intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD ou CISPD), présidé par le maire. Nous avons également veillé à clarifier les modalités d’articulation entre les niveaux intercommunal et communal et à promouvoir l’échange d’informations confidentielles. »
5. Développer les aides à la parentalité
« Afin d’optimiser la réussite des réponses apportées par notre nouvelle stratégie pour renforcer le repérage et la prise en charge des jeunes délinquants, la famille est davantage impliquée et soutenue dans l’exercice de l’autorité parentale. Et ce, aussi bien à l’égard des délinquants de moins de 12 ans que ceux majeurs. Ainsi, les familles seront désormais associées aux actions de prévention menées sur leurs enfants. Elles seront orientées vers un dispositif local de soutien dédié et davantage mobilisées dans le cadre des groupes de prévention contre le décrochage scolaire ou dans le cadre du protocole d’accompagnement et de responsabilisation des parents de l’Éducation nationale. »
6. Soutenir la médiation sociale et numérique
« Nous sommes convaincus de l’utilité de la médiation sociale dans les politiques locales de prévention de la délinquance. Le SG-CIPDR s’est d’ailleurs impliqué aux côtés de l’Afnor pour la création d’une norme relative au métier de médiateur social. Ces acteurs disposent depuis d’un logiciel de » reporting » géolocalisé de données leur permettant de renseigner en temps réel leur activité. Leurs principaux domaines d’intervention portent sur les regroupements de personnes, les tapages, la mendicité, la consommation d’alcool, la présence aux abords des établissements scolaires, les conflits de voisinage, la prévention dans les transports… La nouvelle stratégie conforte et soutient l’intervention de ces 9 000 médiateurs sociaux. Elle encourage ainsi le développement des dispositifs de médiation de vie nocturne et associe ces médiateurs aux travaux des CLSPD/CISPD. »
Parcours de Frédéric Rose
Octobre 2019 : secrétaire général du CIPDR
Janvier 2019 : préfet chargé de la déclinaison territoriale du plan national de prévention de la radicalisation auprès du secrétariat général du ministère de l’Intérieur
2015 : directeur de cabinet du préfet de région de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne
2013 : sous-préfet de Dreux
2010 : directeur de cabinet du préfet du Finistère
2009 : sous-préfet, directeur de cabinet du préfet de la Vendée
2005 : substitut du procureur de la République (tribunal de grande instance de Senlis)