Les collectivités multiplient les initiatives en amont
Sur le terrain, de nombreux outils existent en matière de prévention des incivilités et de la délinquance des mineurs. Rappel à la loi ou plus simplement aux règles du vivre ensemble, aide à la parentalité, soutien à l’insertion par la formation et l’emploi, les élus expérimentent des solutions partout sur le territoire. Du groupe de travail « prévention de la délinquance et traitement du champ infra-judiciaire chez les jeunes » lancé début 2019 par la ville et l’Eurométropole de Strasbourg à l’Espace travail jeune (ETJ) de la ville de Romans ayant pour mission de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, en passant par les groupes sociaux éducatifs (GSE) mis en place par la mairie de Lille faisant l’interface entre les travailleurs sociaux et la ville, les initiatives ne manquent pas.
Un suivi individualisé
Pantin est l’une des premières villes à s’être dotée, dès 2006, d’un programme de réussite éducative (PRE) instauré par la loi du 18 janvier 2005. Ce suivi individualisé prend en compte l’enfant dans sa globalité (environnement social et familial, personnalité…) et vise à aider les familles à exercer pleinement leur mission et leur rôle éducatif. Avec à l’appui un soutien éducatif, scolaire, culturel, social et sanitaire. « Nous détectons les enfants en difficulté via les services sociaux et l’Éducation nationale et nous leur proposons un parcours personnalisé, en général d’une durée de 18 mois », explique Alain Périès, premier adjoint au maire de Pantin qui accompagne ainsi chaque année environ 180 enfants de la maternelle au collège. « 50% des cas sont liés à un décrochage scolaire, 21% à des problèmes de comportements, 14% à des difficultés familiales et 11% à des problèmes de santé. Le dispositif, qui mobilise 5 à 6 personnes de la mairie à temps plein et implique entre autres l’Éducation nationale, des associations spécialisées, l’agence régionale de santé et le centre médico psychologique, est très efficace », estime Alain Périès. Par ailleurs, la mairie s’appuie également sur le dispositif ACTE (Accueil des collégiens temporairement exclus), déployé par le département de Seine-Saint-Denis et qui consiste, sur la base du volontariat, à faire de ce temps d’exclusion un temps utile pour l’élève (travail sur la compréhension de la sanction, suivi scolaire…).
Au plus près des quartiers
Autre initiative locale : la cellule de citoyenneté et de tranquillité publique (CCTP) mise en place par Marseille en 2014.
90% des enfants absentéistes réintègrent l’école.
Instaurée par la loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007, la CCTP vise à apporter des réponses rapides (stages de citoyenneté, travail non rémunéré…) aux faits de faible gravité ne donnant pas lieu à des poursuites pénales. « Nous avons d’abord utilisé cet outil pour l’absentéisme scolaire, puis nous l’avons étendu aux actes gênant la tranquillité publique (dégradation de biens, intrusion dans des locaux publics ou privés, nuisances sonores…) », explique Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille, chargée de la prévention de la délinquance. Devant le succès de ce dispositif (90% des enfants absentéistes réintègrent l’école), la mairie envisage d’aller au-delà de la dizaine de CCTP qu’elle organise chaque année en présence du maire, des représentants de l’Éducation nationale, du parquet, des polices nationale et municipale, et qui traitent en moyenne 8 à 15 dossiers. Les maires de secteur pourraient ainsi organiser leurs propres CCTP en fonction de leurs besoins locaux.