Délinquance juvénile, des représentations à la réalité
La délinquance des mineurs est souvent stigmatisée dans les discours politiques et médiatiques. Dans les faits, pourtant, elle reste une délinquance mineure au regard de celle des adultes.
En 2017, sur l’ensemble des personnes mises en cause dans des affaires pénales, les mineurs représentaient 11,7% des cas. La délinquance des mineurs traitée par les parquets a concerné 224 900 mineurs, soit 3,3% de la population âgée de 10 à 17 ans. Près de la moitié (49%) ont 16 ou 17 ans, 42% entre 13 et 15 ans, 8% entre 10 et 12 ans et 1% a moins de 10 ans. Les garçons représentent 85% des mineurs mis en cause. Depuis vingt ans, le pourcentage de mineurs mis en cause est stable et les trois quarts des infractions sont non violentes. Pourtant, certaines représentations médiatiques, politiques et sociales tendent à dresser un tableau alarmiste de la délinquance des mineurs.
Baisse de la délinquance juvénile depuis 2010
La seule lecture des chiffres fait en effet apparaître une progression de la délinquance au cours des vingt dernières années, même si une inversion de la courbe est observée depuis 2010. Des chiffres toutefois à mettre en parallèle avec la politique pénale menée depuis 25 ans, privilégiant une plus grande judiciarisation de la délinquance des mineurs (correctionnalisation de certaines contraventions, circonstances aggravantes plus nombreuses…).
Les trois quarts des infractions sont non violentes.
Parallèlement, les faits de violence sexuelle chez les mineurs sont désormais dénoncés plus souvent par les victimes dans un contexte de sensibilisation accrue concernant ce sujet. Au-delà des catégories juridiques pénales, l’approche sociologique complète la connaissance de la délinquance juvénile en établissant une typologie distinguant un comportement initiatique lié à l’adolescence (transgression…), une délinquance qui révèle un état pathologique (dysfonctionnements familiaux, précarité sociale…) et celle liée à une situation d’exclusion (précarisation, chômage, désinsertion…).
L’importance du volet préventif
Là où les emplois industriels avaient permis d’accueillir massivement des jeunes sans formation, la transformation du travail et la raréfaction des emplois peu qualifiés depuis les années 80 laissent désormais certains jeunes sans débouché et sans ressources. Les mineurs ancrés dans la délinquance sont en effet surtout des jeunes issus des quartiers populaires situés à la périphérie des villes, socialement et économiquement précaires. Les jeunes d’origine é trangère qui sont surreprésentés dans la délinquance juvénile rencontrent plus fréquemment l’ensemble des facteurs de vulnérabilité : échec scolaire, difficultés socio-économiques et familiales, habitat dans des quartiers relégués… La qualité du lien avec les parents et la capacité de vigilance parentale sont aussi des facteurs clés de vulnérabilité. Celle-ci est souvent corrélée aux conditions socio-économiques de vie (pauvreté, horaires de travail décalés…). Un constat qui souligne l’importance du volet préventif du traitement de la délinquance des mineurs au travers notamment de la lutte contre les violences intrafamiliales, l’échec scolaire et la grande précarité.
LES MINEURS ET LA JUSTICE
119 973 mineurs en danger pour lesquels le juge des enfants a été saisi en 2017
243 879 mineurs suivis par le juge des enfants au 31 décembre 2017
367 083 mesures individuelles prononcées (investigations, mesures en milieu ouvert et placements) en 2017
59 359 mesures et sanctions définitives prises en 2017
801 mineurs incarcérés au 1er octobre 2019, représentant 1% de la population carcérale
Source : Ministère de la Justice