Île-de-France : Paris réinvente (aussi) sa logistique urbaine
Sous la pression environnementale et des coûts logistiques, les chargeurs sont désormais demandeurs de solutions intermodales. Dans le Grand Paris, les initiatives, de toutes tailles, se multiplient. Le PLU de la Ville a identifié 60 parcelles.
Les initiatives logistiques s’invitent dans le bal des appels à projets urbains innovants – Réinventer Paris 2, Réinventer la Seine, Inventons la Métropole du Grand Paris. La foncière Sogaris, entreprise à capitaux publics majoritaires, projette par exemple de réaliser à Saint-Denis, au sein du quartier Pleyel, un espace de logistique urbaine d’environ 6 500 m2. Pour traiter la distribution du dernier kilomètre et limiter le nombre de camions, un espace urbain de distribution sur l’emprise d’une ancienne station-service souterraine va voir le jour à hauteur de la porte de Champerret. Au niveau du pont de Grenelle (16e), le projet En Seine ! mixera une station multi-énergies propres, de la logistique urbaine fluviale et un pôle d’enseignement supérieur.
Les chargeurs exposés à la pression environnementale
Sogaris exploite aussi, dans le 15e, l’espace logistique urbain de Beaugrenelle (3 027 m2), avec Chronopost et en partenariat avec la SemPariSeine. Destiné à la distribution et à la collecte par Chronopost des colis express de moins de 30 kilos, l’espace dispose d’une flotte de 30 véhicules utilitaires, en partie électrique. Aux côtés de Poste Immo et d’Icade, Sogaris va réaliser ‘Quai Bercy’, ensemble dans lequel un hôtel logistique de 17 000 m2 proposera une approche multimodale à trois niveaux, alliant train (rez-de-chaussée, au niveau des voies de chemin de fer), tram-route (R+1) et messagerie express (R-1). Dans le 18e, Chapelle International déploie 45.000 m2. Ce grand centre de distribution dédié à la filière cafés-hôtels-restaurants est équipé d’un terminal ferroviaire urbain… qui ne fonctionne pas encore. « La mise en place d’une logistique fer-route reste compliquée, tempère Christophe Ripert, directeur général délégué à la logistique urbaine de Quartus Logistique. Les chargeurs y vont lentement. Mais la pression liée à l’environnement et à l’énergie va les inciter à passer davantage par le fer pour entrer dans les grandes villes. »
Le PLU a identifié 60 parcelles pour de la petite logistique
A Paris, la Seine offre un boulevard fluvial idéal, avec la garantie d’une absence d’embouteillage.
La Seine commence à être utilisée comme boulevard fluvial.
Un luxe. « L’enseigne Franprix utilise le port de la Bourdonnais pour faire entrer une partie de ses marchandises par la Seine, avec XPO Logistics », ajoute l’expert. Depuis septembre 2019, le nouveau bateau-entrepôt ‘Fludis’ prépare les étapes de préparation de tournées, accueille les équipes logistiques et transporte les vélos-cargos utilisés pour le dernier kilomètre. Côté réglementation, la Ville de Paris entend faire éclore des solutions de groupage/dégroupage (500 à 1 000 m2), à travers son PLU. « 60 parcelles sont identifiées : concessions automobiles, supermarchés…, confie Hervé Levifve, conseiller technique. A chaque rachat de ces parcelles, l’acquéreur devra inclure une plateforme logistique. Le promoteur devra le prévoir en amont dans son équation économique. » Mais le pouvoir de police de la collectivité se heurte à une limite en matière de régulation des flux. « On ne peut pas distinguer si une camionnette est un artisan, un commerçant ou un livreur, explique-t-il. Or, on ne peut pas réglementer une circulation en fonction d’un type d’activité, ou d’un taux de remplissage, mais d’un type de véhicule. »