États-Unis : Véhicules autonomes : amis ou ennemis de la mobilité durable ?
La Californie est devenue un terrain d’expérimentation des véhicules autonomes. Seront-ils à l’avenir des partenaires ou des adversaires de la mobilité durable ? Le débat est lancé.
Des bus autonomes sur les campus universitaires, exploités par May Mobility. Des véhicules testés dans une zone de bureaux par Drive.ai. Une zone résidentielle peuplée de retraités desservie par la société Voyage. A ce jour, en Californie, 670 véhicules possèdent un permis avec chauffeur de sécurité. Ils sont exploités par une soixantaine de sociétés – des start-up spécialisées, des industriels de l’automobile, des grands groupes de la tech : Google, Waymo, Drive.ai, GM Cruise, Valeo, Zoox, Nissan, Mercedes, Tesla, Lyft, Uber… En 2018, ces véhicules tests ont parcouru 3,3 millions de kilomètres en Californie (800 000 en 2017). Le secteur automobile est en pleine reconfiguration, avec l’arrivée de ces nouveaux acteurs, notamment issus du monde numérique. « Les promoteurs de cette technologie mettent en avant les bénéfices de la mobilité autonome : réduction de la congestion, baisse du coût de la mobilité, amélioration de l’attractivité des transports collectifs, à travers des navettes autonomes », analyse Laura Brimont, chercheur à l’IDDRI (Institut de développement durable et des relations internationales). Selon le cabinet de conseil AT Kearney, qui a interrogé 150 cadres d’industries concernées, « la consommation énergétique devrait être réduite de 30%, grâce aux sources d’énergie alternatives, mais aussi parce que les véhicules communiqueront, assurant la fluidité du trafic ». De surcroît, « posséder la voiture perdra en pertinence, au profit des services de partage. Dans les 10 à 15 prochaines années, l’essentiel de l’utilisation du véhicule autonome sera commercial »: robots-taxis et navettes à la demande, décrit Xavier Mosquet, du cabinet BCG et co-auteur pour la France d’un rapport sur la voiture du futur.
La voiture autonome pourrait augmenter les distances parcourues
Mais les impacts attendus sont très incertains, « car ils dépendent des systèmes de mobilité qui seront mis en œuvre », rappelle Laura Brimont. Les technologies sont aussi porteuses de risques. « Elles pourraient faire baisser le coût d’opportunité du temps passé en voiture, qui pourrait être utilisé pour d’autres activités que la conduite.
Le rôle des collectivités sera majeur.
Elles pourraient par ailleurs favoriser une augmentation des distances parcourues. » D’après l’experte, le développement de la mobilité autonome « doit être orienté, pour maximiser les opportunités et limiter les risques. Les pouvoirs publics ont un rôle crucial à jouer, notamment les collectivités locales. Cela passe par des aménagements de la voirie, par la création de nouvelles manières de tarifier la mobilité, et par de nouvelles alliances avec les futurs acteurs privés pourvoyeurs de ces services de mobilité autonome. »
Pas effectif avant plusieurs années
La technologie automobile autonome sera-t-elle un jour assez mature pour cohabiter avec les humains ? « Une partie de la « perception » n’est pas encore résolue. On en est à 80-85%. Dans 15% des situations problématiques, la voiture peut heurter les objets ou les personnes, les tuer ou les endommager », explique la professeure Avideh Zakhor, enseignante à l’université Berkeley. Pour Henrik Fisker, PDG du constructeur Fisker Inc, il faudra attendre « au moins sept ans » pour voir des voitures totalement autonomes circuler sur les routes californiennes.
Avec AFP, Siecledigital.fr