Transition vers la mobilité propre : un enjeu complexe pour les territoires et l’Etat
Cap vers la mobilité propre, sur fond de lutte contre l’autosolisme. Le sujet est majeur pour l’attractivité des territoires, le quotidien des citoyens, la protection de l’environnement et la santé publique. Il est aussi complexe et dépend de l’aménagement du territoire.
Les politiques publiques mettent clairement le cap vers une mobilité propre. « Dans les transports, les pouvoirs publics doivent mener une action déterminée : l’accès à la mobilité est souvent le premier facteur d’intégration des populations éloignées de l’emploi et le budget des transports pèse lourdement sur le budget des ménages », pose la synthèse finale du projet de PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie). L’Etat entend agir sur plusieurs fronts, avec le changement de véhicules et de modes de transport, l’aménagement des lieux de vie, le déploiement des transports en commun et l’augmentation de la charge moyenne d’un véhicule, que ce soit par le covoiturage pour les passagers ou par l’optimisation du transport de marchandises. La mise en place de ZFE (zones à faibles émissions) doit favoriser l’intermodalité et le report vers les mobilités actives (marche et vélo).
Une politique incitative et globale pour lutter contre l’autosolisme
Le projet final de PPE fixe des objectifs précis, pour lutter contre l’autosolisme et décarboner le transport. Par exemple, l’Etat entend interdire la vente de véhicules neufs émettant des gaz à effet de serre en 2040, lutter contre les freins à l’acquisition d’un véhicule électrique (surcoût à l’achat, autonomie, infrastructure de recharge), encourager le covoiturage, inciter à l’investissement dans les véhicules lourds propres (GNV, électricité, hydrogène) par un dispositif de suramortissement renforcé.
Plusieurs mobilités coexistent, chacune avec ses spécificités.
Chaque territoire va être doté d’une autorité organisatrice de la mobilité (AOM), dont le rôle sera étendu aux mobilités actives ou partagées et aux services de mobilité à caractère social. Les expérimentations de nouvelles solutions doivent être facilitées, notamment dans les territoires peu denses. L’usage du vélo en ville est l’un des objectifs forts du gouvernement.
Un sujet de tensions, qui concerne tout le monde et revêt des formes multiples
La mobilité touche tout le monde, au quotidien. Des exemples récents en attestent, comme les revendications des Gilets jaunes (prix du carburant, dans des contextes périurbains où la voiture individuelle est indispensable), la grève des transports impactant, fin 2019, pendant des semaines, des millions de Franciliens, ou encore la campagne des élections municipales. Le sujet est complexe pour les territoires et l’Etat, chaque mobilité a sa propre problématique : les mobilités urbaines de proximité, qui partagent une voirie très convoitée, les trajets intermédiaires (entre 10 et 100 km), les distances longues (Intercités, TGV, covoiturage…), la logistique urbaine sur fond d’explosion du e-commerce… Les mobilités sont abordées différemment, selon que l’on se trouve dans une métropole – où l’on glisse de la propriété vers l’usage d’un véhicule –, ou en milieu périurbain et en zone rurale, où la voiture individuelle reste la clé des mouvements pendulaires domicile/travail.
La mobilité, un enjeu d’aménagement du territoire et de santé publique
La mobilité est aussi un enjeu intimement lié aux politiques d’aménagement du territoire. Une tendance qui ne va pas dans le bon sens : d’après l’Insee, entre 2007 et 2017, la croissance démographique est plus forte dans les communes peu denses que dans les communes denses (+ 0,6% contre + 0,4%). Ces communes peu denses (de 200 à 3 000 habitants) se situent « pour 56% dans les couronnes périurbaines des principales agglomérations », complète l’étude publiée le 30 décembre 2019. La reconstruction des villes sur elles-mêmes et la densification urbaine sont des axes à privilégier. Autre enjeu, l’impact des mobilités sur la santé publique. Le secteur des transports et de l’entreposage émettait 42 millions de tonnes de CO2 en France en 2017 (source : Statista 2020). C’est certes beaucoup moins qu’en 2008 (50,2 MT), et moins que l’industrie manufacturière (89 MT) ou que l’activité des ménages (124,6 MT). Des actions sont menées pour réduire encore la part d’émissions de particules fines dans l’atmosphère, comme les restrictions de circulation. Ces dernières devraient être de plus en plus fréquentes dans les grandes métropoles, sur fond de réchauffement climatique. La pollution atmosphérique provoque 48 000 décès prématurés en France chaque année, selon une étude de 2016, et constitue la 2e cause de mortalité évitable en France, derrière le tabac.