Les zones rurales rivalisent d’inventivité pour les mobilités douces
La dépendance à la voiture individuelle prend à la gorge des millions de ménages en zone rurale. Tour d’horizon des initiatives qui essaiment sur le territoire.
Selon une étude de l’Observatoire de la mobilité émergente, 73% des habitants des zones rurales ont un usage quotidien de la voiture, au lieu de 28% dans les villes centres des métropoles. Si le carburant pèse dans le budget des ménages – le mouvement des gilets jaunes l’a démontré –, l’absence d’alternatives freine le développement d’une mobilité plus durable.
Les élus misent sur un changement de comportement progressif.
Pour faire émerger des solutions originales, le gouvernement a lancé en 2018 l’appel à manifestation d’intérêt « French Mobility ». Les 26 projets lauréats explorent de nombreuses pistes, dans les domaines du covoiturage, de l’autopartage, des transports collectifs, de solutions intermodales… et même des navettes autonomes, à Nevers. Par exemple, Mobili’Cob, dans le centre ouest Bretagne, entend « faire de la voiture individuelle un transport collectif », à travers la promotion du covoiturage et le lancement d’expériences d’autopartage sous deux formes – entre particuliers à l’échelle communale, et avec un système de prêt de véhicules des collectivités le week-end. En Corse, le projet de transport intercommunal L’Isula-Balagna, mis en place par la communauté de communes de L’Ile-Rousse-Balagne, lance l’exploitation de plusieurs lignes de transport, pour relier les villages éloignés du pôle urbain, sur le mode d’un transport à la demande, à l’aide de véhicules de type Minivan 9 places. Dans les Deux-Sèvres, le projet Altern’Actifs porté par la communauté de communes Haut Val de Sèvre, consiste à créer un circuit de navettes reliant les gares, les zones d’activités et les zones habitées, afin de favoriser l’utilisation du train par les actifs.
Covoiturage public dans le bassin d’Alès
Une des originalités du projet « Mobedis », porté par le Parc naturel régional des Grands Causses, dans l’Aveyron : le partage, opéré par Citiz, des véhicules inutilisés des collectivités ou entreprises. La commune de Saint-Affrique, l’entreprise Sévigné et le Parc sont les premiers à tester ce dispositif, basé sur des abonnements. Dans le Tarn-et-Garonne, la Scic Rézo Pouce valorise de son côté l’auto-stop sur les courtes distances. Passagers et conducteurs, identifiés grâce à une inscription préalable ou une vignette sur leur pare-brise, se rencontrent à des arrêts répertoriés. Une application mobile permet de trouver en temps réel des conducteurs ou les passagers. Dans le Gard, le syndicat mixte des transports du bassin d’Alès a imaginé une solution de covoiturage public, dans une zone rurale et montagneuse de 85 communes et 144 000 habitants. Via une application et un portail Internet, les futurs covoitureurs et covoiturés sont mis en relation. Dans les zones rurales, l’utilisation de la voiture individuelle reste, de loin, majoritaire. Mais les élus et le gouvernement jouent la carte de la politique des petits pas, pour amener à un changement de comportement progressif. A noter la difficulté, dans les zones rurales, à faire monter en puissance le vélo, du fait de réseaux cyclables souvent déficients, alors que la sécurité est le premier critère, chez les usagers, pour se convertir à ce mode de transport.