Les opérateurs de transport en première ligne
Le transport public collectif constitue déjà en soi une solution de mobilité propre. Même s’il ne représente que 2% des émissions de gaz à effet de serre, il se transforme à marche forcée.
Le parc des bus urbains se transforme à grande vitesse. Les demandes des clients évoluent, suite aux objectifs fixés par la loi de transition énergétique. Orléans passera au tout électrique en 2024, « ce qui en fera le réseau le plus décarboné de France », explique Frédéric Baverez, directeur exécutif France de Keolis. A Dijon, Keolis vient de lancer le paiement dématérialisé par carte bleue (sans contact). « Mais il faut maintenir le principe d’un geste de validation, pour éviter la fraude », prévient Frédéric Baverez. En tout cas, « les choix de 2020 des collectivités ne sont pas ceux de 2018, et ne seront pas ceux de 2022. Par exemple, pour les véhicules électriques, certes silencieux, confortables et n’émettant aucun polluant, la technologie est plus mutante du fait de l’évolution des batteries, en termes de poids, de volume, d’autonomie, de durée de vie et de prix. » Côté prix, « une collectivité peut acquérir trois bus diesels pour le prix de deux bus électriques. Il est difficile de savoir comment les tarifs vont évoluer. On semble aller vers une réduction du poids et du volume des batteries, et une augmentation de leur autonomie, plutôt que vers une baisse des prix. » L’hydrogène, qui coûte encore très cher (quatre fois le coût de possession d’un bus diesel pour un bus à hydrogène), incarne un « avantage considérable à plus long terme. Cette énergie a tous les avantages de l’électricité, sans ses inconvénients puisqu’elle n’exige pas de grosses batteries ». Côté opérateur touristique, Open Tour Paris (Groupe RATP) verdit à marche forcée sa flotte de 35 bus : déjà 6 bus électriques et 6 au GNV, sur un total de 36 véhicules. « En 2024, 100% de notre parc sera propre, au rythme de 4 à 6 renouvellements de bus par an », détaille Fabrice Bayon, directeur général. Ces fameux bus à impériale, prisés des touristes, arborent le slogan « Bleu Blanc Green ». « Dans la capitale mondiale du tourisme qu’est Paris, il est indispensable de montrer que le tourisme pense à l’environnement, et innove. » Les chauffeurs sont formés à la conduite des bus électriques, qui requiert de la souplesse. « En fonction du type de conduite, l’autonomie de la batterie peut varier du simple au triple. Et en cas d’accélérations trop fréquentes, il y a un risque de panne », décrypte Fabrice Bayon.
A Mulhouse, la première solution Maas en France
Mulhouse Alsace Agglomération a lancé en 2018 une solution Maas, à travers l’application « Compte Mobilité », développé par Cityway, filiale de Transdev. Ce service permet de naviguer entre les modes de transport, sans barrière tarifaire ni titre de transport à présenter. Le système, qui propose au client les trajets les plus efficaces à un instant T, compte à ce jour 4 000 inscrits. Avec un principe simple : on paie ce que l’on a consommé, à l’inverse d’un système d’abonnement, où un tarif fixe est acquitté en amont de l’usage, quel qu’il soit (intensif ou pas). Pourquoi intégrer les stationnements dans le compte mobilité ? « Il faut aussi toucher les gens qui ne s’intéressent pas aux mobilités durables, en allant les chercher là où ils sont », analyse Christophe Wolf, directeur Mobilités et Transports de la collectivité. L’idée de cette solution technologique – inédite en France – est de « favoriser la multimodalité, à savoir l’usage de différents types de transport, selon le jour et l’heure ». Le Compte mobilité se base par ailleurs sur le post-paiement (prélèvement en fin de mois), une demande forte exprimée par les habitants lors de la phase de concertation.