La logistique urbaine devient un enjeu d’aménagement
Le transport urbain de marchandises devient un enjeu politique. Avec l’explosion du e-commerce, les élus ne peuvent plus éluder la logistique dite « du dernier kilomètre ». Des solutions logistiques émergent. Plus chères, mais inévitables.
Un signe qui ne trompe pas. La thématique de la logistique urbaine s’est invitée lors des Assises nationales du centre-ville, en juillet 2019, à Pau. Avec l’explosion du e-commerce et des livraisons de colis à domicile, l’enjeu devient central. 32% de la circulation en ville est liée au transport de marchandises. Dans son rapport présenté en juin 2019, la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) estime que le mode de livraison à domicile est plébiscité (86%) chez les e-acheteurs. « La fréquence d’achat sur internet continue à augmenter et le montant moyen d’une transaction à baisser », ajoute l’observatoire : 61,5 euros pour le montant moyen d’une transaction (- 6% par rapport à 2017) et 2 420 euros de panier annuel moyen en 2018 par e-acheteur. Malgré cette lame de fond, « la logistique urbaine est souvent la dernière roue du carrosse dans les politiques d’aménagement, les élus s’étant focalisés pendant des décennies sur les mobilités de personnes », pointe Thibault Prévost, chargé de mission du programme Marchandises en ville au ministère de la Transition écologique.
Avec sa filiale Urby, La Poste veut mailler le territoire
Des solutions logistiques voient cependant le jour, notamment à Paris (cf. p.28). Une constante : elles se rapprochent des points de livraison et offrent de l’intermodalité et des véhicules décarbonés pour le dernier kilomètre. Inconvénient pour les utilisateurs, leur prix, plus élevé que les grandes plateformes implantées en périphérie. Mais les professionnels (chargeurs, transporteurs, logisticiens) commencent à s’y intéresser, du fait de la pression environnementale, mais aussi d’avantages économiques. « Ces centres logistiques urbains ont quatre vertus : optimisation de la chaîne de distribution, redistribution vers les clients par des véhicules verts, organisation agile et amélioration des taux de livraison », explique Christophe Ripert, directeur général délégué à la logistique urbaine chez Quartus Logistique.
32% de la circulation en ville est liée au transport de marchandises.
Avec sa filiale de logistique urbaine Urby, La Poste met ainsi en place, dans les métropoles, des centres de mutualisation qui concentrent et distribuent des marchandises (palettes et colis) aux entreprises et commerçants. Ces centres de mutualisation, situés en entrée de ville, évitent l’entrée de camions partiellement remplis dans le centre, et optimisent le chargement des véhicules de livraison (à faible émission, ou à vélo). Urby déploie également des établissements de logistique urbaine (entre 200 et 400 m2), destinés aux commerçants, collectivités et entreprises. Une palette de services est proposée : stockage d’articles, récupération de recyclables, réassort entre magasins, livraison de clients particuliers directement depuis l’entrepôt… « Il y a un travail pédagogique à mener auprès des commerçants, concède Frédéric Delaval, en charge de la logistique urbaine à La Poste. Leurs clients ont, eux, fait leur révolution culturelle. L’idée est de libérer de la surface commerciale chez les commerçants, et qu’ils puissent proposer des services identiques à ceux des e-commerçants, tout en réduisant leur empreinte carbone. » Le territoire national est peu à peu maillé. Dernières ouvertures : les agences de Lille, Rennes et Strasbourg, ouvertes fin février.