Interconnexions, véhicules décarbonés, vélo : l’avenir des mobilités
Les mobilités douces ne se résument pas aux trottinettes électriques ou aux dépenses dans la réalisation ou la modernisation d’infrastructures. Il faut aussi innover, développer les interconnexions, penser aux flux de marchandises...
Un bouillon de culture. Solutions digitales pour optimiser la navigation des usagers dans les réseaux de transports en commun, décarbonation accélérée des flottes de bus, montée en puissance du vélo et de la filière hydrogène… L’ère des mobilités nouvelles ouvre un champ d’innovations. « Il ne faut pas opposer les modes de transport entre eux. La bataille à mener, c’est l’autosolisme, analyse Stéphane Lemaire, président du fabricant de bus Safra (Albi). Les pouvoirs publics doivent créer les conditions pour que les gens laissent leurs voitures aux entrées des villes, dans une logique d’interconnexion. » Une analyse corroborée par les travaux de La Fabrique de la Cité (Vinci), d’après qui l’augmentation des interconnexions entre modes routier et ferré, et leur confort d’utilisation (tarifications intégrées et rapidité pour passer d’un mode à l’autre), sont indispensables pour l’émergence des mobilités douces. « On a tendance à surmédiatiser des épiphénomènes, comme les trottinettes électriques ou le covoiturage courte distance, qui représentent des parts minimes dans les transports », souligne Camille Combe, chargé de mission Mobilités à La Fabrique de la Cité.
Le gouvernement porte un plan vélo ambitieux pour rattraper le retard
Le gouvernement entend tripler la part modale du vélo à l’horizon 2024. Ambitieux, jugent certains. Mais « les aménagements et équipements en faveur des cycles sont peu coûteux par rapport à des modes lourds de transport collectif ou des aménagements routiers.
Des jeunes actifs urbains font le choix de ne pas avoir de voiture.
C’est un des avantages du vélo, qui le rend accessible aux collectivités », déclare Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat aux Transports. Depuis 2019, le gouvernement a mis en place un Fonds mobilités cyclables, premier du genre. Celui-ci se monte à 350 millions d’euros sur 7 ans et permet d’aider les collectivités à développer leur réseau cyclable, notamment les points durs du réseau. L’an dernier, 113 projets pour 43 millions d’euros de subventions ont ainsi été retenus à la suite d’un appel à projets du ministère. Il sera reconduit cette année.
Boom du e-commerce : la logistique urbaine doit être intégrée aux politiques publiques
La mobilité douce, l’affaire de tous. C’est le message de l’AFITF (agence de financement des infrastructures de transport de France, lire en p.13) et de la LOM. La nouvelle loi met en place des mesures concrètes, comme le forfait mobilité (p.20). Ce qui va dans le sens des préoccupations citoyennes, vu la place centrale que les mobilités ont occupée lors de la campagne des municipales (p.21). Les entreprises intègrent d’ailleurs de plus en plus les mobilités douces dans leurs choix d’implantations. Bon nombre de jeunes collaborateurs urbains font le choix de ne pas avoir de voiture, et veulent pouvoir se rendre à leur lieu de travail en transport en commun, à vélo, en trottinette, etc. Autre phénomène, moins visible mais crucial, la logistique urbaine des marchandises, avec l’explosion du e-commerce. A Paris, un pacte pour une logistique métropolitaine a été conclu en 2018 entre la Métropole du Grand Paris et les principaux transporteurs, chargeurs et fédérations professionnels, notamment pour améliorer les conditions de livraison et éviter les arrêts en double-file. Pour l’acquisition de véhicules au gaz ou électriques par des PME de moins de 50 salariés, la Ville de Paris prévoit des subventions comprises entre 6 000 et 15 000 euros.