Innovateur au service de la santé
Cet entrepreneur défend l’ouverture des données et la transparence des financements de la recherche.
Peu d’innovateurs en santé ont reçu autant de récompenses. Uwe Diegel détient notamment plusieurs médailles du concours Lepine, des prix de design industriel et le prestigieux prix Galien, qui récompense les innovations thérapeutiques pour le grand public et les laboratoires pharmaceutiques. Ce prix est venu saluer les travaux de Lifeina, la start-up qu’il a fondée avec son épouse Lily en 2017 pour produire des mini réfrigérateurs connectés facilitant le quotidien des malades chroniques. « Lors d’un voyage, mon frère Olaf, qui est diabétique, a connu une mésaventure qui aurait pu être grave : l’hôtel où il résidait a congelé ses médicaments par erreur.
La « health tech » française a d’abord besoin d’ingénieurs.
A partir de cette expérience malheureuse, nous avons imaginé un dispositif pour augmenter l’autonomie et la sécurité des personnes souffrant d’une maladie chronique : le réfrigérateur portable LifeinaBox est né ainsi. Il s’adresse à un grand nombre de personnes, puisque près de 5% de la population mondiale utilisent des médicaments qui exigent une réfrigération constante. » Les premiers exemplaires ont été commercialisés en 2019 grâce à un crowdfunding. Uwe Diegel mène des discussions avec les laboratoires pharmaceutiques pour leur permettre d’offrir ce dispositif aux malades chroniques à travers le monde. Dépasser les frontières est dans son ADN : cet homme de 54 ans, né en Nouvelle-Zélande d’un père allemand et d’une mère suisse romande, s’est installé en France il y a 22 ans, après avoir fait ses études en Afrique du Sud, où il a rencontré sa femme taïwanaise. LifeinaBox a déjà été présenté au Consumer Electronic Show à Las Vegas en 2018, au salon Medica à Düsseldorf en novembre dernier ou encore au WebSummit de Lisbonne.
Lifeina propose une application mobile couplée au réfrigérateur pour adresser des notifications au patient lorsqu’il est temps de prendre son traitement, et améliorer ainsi l’observance du traitement. Uwe Diegel défend l’ouverture des données de santé anonymisées : « L’opinion publique s’en inquiète : certains croient qu’ils sont espionnés, d’autres pensent que leurs données personnelles ont une grande valeur. C’est faux. Les données anonymisées n’ont de valeur qu’en étant assemblées. Leur ouverture va permettre de mieux cibler les besoins de la population en santé, et donc de mieux y répondre. »
L’entrepreneur défend la transparence : « Lifeina a reçu 30 000 euros de Bpifrance et le soutien de Business France. Ces aides sont utiles mais la » health tech » française a d’abord besoin d’ingénieurs pour concevoir du hardware, des produits physiques, et pas seulement des applications numériques : leur business model s’essouffle, mais elles demeurent la coqueluche des investisseurs. Mes entreprises réalisent des profits, et je le revendique car ce sont ces profits qui financent la recherche et le développement des futurs produits. » Il n’hésite pas à dévoiler ses marges à qui lui pose la question, car il autofinance toutes ces réalisations. Il s’est fait un nom – et un carnet d’adresse consistant – dans l’industrie pharmaceutique en tant que CEO de iHealth et dirigeant depuis dix ans de HealthWorks, un des principaux fournisseurs de solutions de transport et de stockage pour les médicaments thermosensibles au niveau mondial. Il entend hisser Lifeina au même rang, dans le secteur du transport d’organes où il souhaite désormais appliquer sa technologie.