« La France est l’un des pays où l’accès aux technologies innovantes est le plus facile »
Comment s’intègrent les dispositifs médicaux innovants dans l’écosystème de santé ?
Le secteur du dispositif médical est très morcelé : il compte 1 300 à 1 400 acteurs en France, dont 92% de start-ups et d’ETI (entreprises de taille intermédiaire). Medtronic, un des leaders mondiaux, intervient sur les pathologies cardio-vasculaires, les douleurs chroniques, le diabète et la chirurgie de bloc (agraphage, sutures, imagerie ou scalpel). Nous proposons un accompagnement global des établissements de santé : au delà des produits technologiques implantables innovants que nous produisons, nous fournissons des solutions, en réfléchissant avec les centres hospitaliers publics et privés pour répondre à leurs projets médicaux et d’établissement.
Nous menons une cinquantaine d’études cliniques avec des CHU.
Nous travaillons avec la quasi totalité des centres hospitaliers, sur une pathologie ou une autre. Nous participons par ailleurs depuis 2019 à un programme de mentoring organisé par Bpifrance : 12 de nos collaborateurs font ainsi du mécénat de compétences auprès de start-ups.
Comment travaillez-vous avec la recherche publique ?
Nous menons une cinquantaine d’études cliniques avec des CHU pour s’appuyer sur le savoir-faire clinique des hôpitaux français. Disposer de données cliniques françaises facilite également l’accès au marché national. Par exemple, parmi nos quatre sites de production en France, celui de Trévoux, en Rhône-Alpes, dispose d’un centre de recherche sur les biotextiles utilisés en chirurgie viscérale qui s’appuie sur l’écosystème lyonnais et sur la richesse de sa tradition textile depuis le XVIIIe siècle. Avec le CHU d’Amiens, nous accompagons le parcours pré- et post-opératoire des patients en chirurgie du rachis, avec l’aide d’un logiciel chatbot développé par la start-up Maela.
Autre exemple, nous menons avec le CHU de Strasbourg un programme financé par les Investissements d’avenir, pour accompagner les patients atteints de cancers de l’appareil digestif et définir leur attentes de soins par rapport à la qualité de vie espérée. L’enjeu est d’harmoniser les pratiques chirurgicales par le haut. Les résultats de cette étude pilote pourront ensuite être transmis à d’autres centres hospitaliers.
Quelles mesures pourraient faciliter l’innovation ?
La France est l’un des pays où l’accès aux technologies innovantes est le plus facile. Toutefois, les délais d’évaluation par les autorités sont très longs : le Comité économique des produits de santé (CEPS) a réduit le délai de traitement de 500 jours en 2016 à 400 jours en 2017, mais le délai de rigueur de 180 jours n’est pas tenu. Le CEPS manque de moyens humains pour traiter les nombreux dossiers qu’il reçoit. Il est en outre essentiel d’introduire la notion de valeur en santé, et la culture de l’évaluation des résultats, en fonction des attentes du patient.
Par ailleurs, une mesure à pérenniser est la possibilité offerte aux acteurs de santé de déroger aux règles institutionnelles pour libérer le potentiel d’innovation dans les territoires, introduite par l’article 51 du PLFSS 2018. Les réponses apportées à l’échelon local, par rapport à un environnement particulier, sont les bonnes réponses.