Promouvoir la santé, l’affaire de tous
Les grandes avancées en santé ont souvent été celles des villes: l’installation des égouts, le traitement des eaux usées, l’obligation des poubelles, l’assèchement des marais en métropole éradiquant le paludisme, l’éclairage des voies publiques diminuant les homicides, l’ouverture des fortifications des villes améliorant la qualité de l’air… Les déterminants de santé ont bien sûr évolué, mais le lien entre environnement et santé demeure un enjeu plus que jamais d’actualité.
C’est aussi un thème de préoccupation majeur des Français et des élus locaux. En Février dernier, 18 maires de grandes villes avaient signé une tribune pour demander des moyens d’action contre les inégalités de santé, marquant leur volonté de s’engager auprès des citoyens. Dès le début du 19ème siècle en France, s’organisaient déjà dans les villes des conseils, réunissant politiques, ingénieurs, architectes, médecins, pharmaciens, vétérinaires, chimistes, urbanistes, autour des politiques d’hygiène. Leur rôle a peu à peu décliné, et les collectivités territoriales souhaitent aujourd’hui qu’on leur reconnaisse une compétence en santé, partagée avec l’Etat. Au plus près des territoires et de la population, elles ont un réel potentiel d’évaluation et d’action locale sur les déterminants de santé.
Lorsque que les villes s’investissent pleinement, les résultats peuvent y être spectaculaires, comme nous le montre l’exemple de l’emblématique ville de Seinäjoki, en Finlande. En 2 ans, en orientant toutes ses politiques vers une meilleure santé, la ville a vu le taux de surpoids chez les enfants de moins de 5 ans divisé par 2. A l’école par exemple, elle a rendu gratuite et obligatoire la cantine le midi pour les élèves et combine désormais enseignement classique et exercice physique.
Introduire 1% de santé dans les politiques publiques locales.
Un collectif de communes françaises (Villes-Santé OMS) propose d’introduire 1% de santé dans toutes les politiques publiques mises en œuvre localement : écoles, enfance, urbanisme, qualité de l’eau et de l’air, sécurité routière… Comment aujourd’hui imaginer un plan local d’urbanisme, ou un aménagement des transports publics, qui ne tienne pas compte des impacts sanitaires ?
En pratique, reconnaître cette compétence aux collectivités, c’est légitimer, valoriser leurs actions, leur permettre de s’engager à développer davantage les bonnes initiatives et décliner la santé dans toutes leurs problématiques du quotidien.
Inciter à la marche en installant des panneaux minutant les trajets, aménager des zones piétonnes et des pistes cyclables, accorder des permis de végétalisation aux riverains, interdire l’installation d’un fast-food près d’une école, installer des observatoires de qualité de l’air, mobiliser la police municipale pour faire respecter l’interdiction de ventes de cigarettes aux mineurs, sont autant de pierres qu’on ajoute à l’édifice d’une population en meilleure santé.
Nous ne pourrons réussir la transformation de notre système et la révolution de la prévention, sans y inclure pleinement nos territoires. C’est pour cela que j’ai proposé au projet de loi d’organisation du système de santé un amendement dans ce sens, qui a été adopté en séance. L’organisation des soins sur le territoire restera, comme aujourd’hui, la responsabilité de l’Etat, mais la promotion de la santé est l’affaire de tous et doit être impulsée au plus près de nos concitoyens.